Cependant, selon le journal El español, un groupe de féministes chiliennes s'insurge contre ce choix. Si elles ne critiquent pas l'œuvre littéraire, elles rappellent que sa vie privée est loin d'être un modèle, rappelant qu'il a avoué dans ses Mémoires avoir été un violeur.
Neruda a en effet raconté comment il avait maltraité sa femme de ménage quand il était en poste au Sri Lanka. Les féministes lui reprochent aussi d'avoir abandonné sa fille Maruca, née avec une hydrocéphalie et décédée à l'âge de huit ans.
Une alternative féminine
"Neruda est un grand poète et un grand activiste politique. Ses talents et ses actions ont été reconnus et célébrés", rappelle la cinéaste Maria Elena Wood. Mais elle opte pour un autre choix : "Gabriela Mistral est un génie qui est resté dans l’ombre pendant plus d’un demi-siècle en tant que femme, sans parti politique, sans fondation ni famille pour le soutenir, et qui commence seulement à être reconnu."
Certaines personnalités proposent en effet que l'aéroport, géré par un consortium majoritairement français, prenne le nom de Gabriela Mistral, autre prix Nobel de littérature en 1945.
Le poète Raul Zurita appelle à dédramatiser la controverse : "Le Chili ne serait pas le Chili sans Pablo Neruda . Ce serait autre chose." Dans le journal Clarin, le poète Jaime Quezada affirme la même chose : "Neruda est l’identité pleine et entière d’un pays, c’est le Chili lui-même, c’est tout le pays dans lequel il a toujours vécu et dans son œuvre d’humanité."
Le débat ne fait que commencer : la proposition doit faire la navette entre l'Assemblée nationale et le Sénat.