Il y a un mois, la BPI avait invité les professionnels et le public à donner un livre qui a nourri leur envie de se révolter. "Ce sont surtout les personnels de la BPI et du Centre ainsi que les éditeurs militants qui ont contribué. Ce n'est que depuis aujourd'hui et l'ouverture au public que nous recevons des dons extérieurs de particuliers", explique Christine Mannaz-Dénarié, qui coordonne les valorisations au sein de la BPI et a piloté le projet qui a mobilisé 25 personnes de la bibliothèque.
La bibliothèque éphémère, qui sera intégrée au plateau -1 du Centre Pompidou jusqu'au 8 mai, compte déjà 900 à 1000 ouvrages, dont un fonds de 230 volumes donnés par des éditeurs militants (La
Découverte, Lux, Les liens qui libèrent, Alternatives, Le passager clandestin, Utopia, L'échappée...), uniquement consultable sur place.
Pour le reste des titres, un visiteur peut venir avec un livre qui a été moteur pour lui d'une révolte et repartir avec un autre. Les livres sont répartis dans les rayonnages par grandes sections : "Luttes citoyennes", "L'art de la révolte", "Culture et imaginaires de révoltes"... Et quelques étiquettes (Economie du travail, vivre ensemble, études post-coloniales, Art et poétique, photographie, Hacktivisme...) permettent de se repérer. "Notre travail réside principalement dans le choix des documents, pas l'indexation", note Christine Mannaz-Dénarié.
D'ailleurs la bibliothécaire venait de recevoir le récit Rosa Blanca de B.Traven (La Découverte) qui se passe au Mexique dans les années 1920, quand une compagnie pétrolière veut racheter une hacienda. Un peu plus tôt dans l'après midi, quelqu'un a apporté un texte de Jean Baudrillard tandis qu'un autre a donné un dictionnaire des jeux. "Cela semble éloigné du thème mais la personne a argumenté et nous a montré comment le jeu lui a permis de lutter contre le système." précise-t-elle.
Anarchives de la révolte
Car l'explication de l'acte de donner et l'histoire du rapport au livre donné a autant d'importance que le don. A côté de cette bibliothèque cubique, le collectif d'artistes WOS/Agence des hypothèses tient un "Labo des Anarchives de la révolte" et fait des enregistrements vidéo des personnes qui déposent un livre pour qu'elles expliquent leur démarche et ce que le texte leur a apporté. Ces films, qui peuvent "embrayer sur un récit individuel ou collectif", seront retransmis sur Balises le webmagazine de la BPI.
Comme à la Nuit Debout place de la République, une Partage Box a été installée. En se connectant sur un réseau wifi Piratebox, le visiteur a accès à des documents qui ont été téléchargés comme Le discours sur la servitude volontaire de la Boétie et autres classiques au format epub. Il est aussi possible de déposer des fichiers.
Programmation associée
En parallèle à la bibliothèque participative, la BPI a conçu une programmation associée avec du 27 au 29 avril une "Bibliothèque vivante des militants" qui permet à un usager s'inscrivant sur place de rencontrer en face à face pendant 20 minutes un militant (végétalien, LGBT, Droit au logement) pour en savoir plus sur leur parcours et leurs convictions.
Deux visites guidées avec des chercheurs des collections de la BPI sont aussi programmées, prenant la forme de "visites subversives pour montrer qu'il y a aussi dans nos collections des choses pour se révolter", souligne Christine Mannaz-Dénarié, qui annonce aussi des ateliers de Guérilla gardening ou de Hacking.
C'est la première fois que la BPI et le Centre Pompidou collaborent de la sorte.