Nouvelle/Allemagne . 22 janvier Walter Rheiner

Berlin, un soir. « Immense, la nuit restait accrochée aux arbres du boulevard et gouttait sur ses épaules, tandis que Tobias passait sous le murmure des branches. » Il appuie sur la sonnette de nuit d'une pharmacie. Il est reconnu. Il attend sa fiole de forme hexagonale. Il n'a pas assez, il paiera plus tard. Dans un café, il se fait trois injections. Commence alors une déambulation hallucinée avec ce flacon de cocaïne qui devient la jauge de sa vie ou ce qu'il en reste. « Seul le poison, son unique destin, était tapi au-dessus de la ville comme une bête gigantesque. »

Walter Rheiner (1895-1925) décrit avec une force stupéfiante la catastrophe d'un homme dans un pays en crise, d'un homme qui ne supporte plus la réalité. On y croise des personnages dignes de George Grosz que l'on dirait sortis du cabinet du docteur Caligari dans la plus pure tradition expressionniste. Il s'agit surtout d'un texte inouï sur la solitude, la révolte et le désespoir, le triptyque du poète maudit.

Cette nouvelle inédite publiée en 1918 est « le premier texte de fiction consacré à cette drogue au XXe siècle » explique Cécile Guilbert dans sa préface. Walter Rheiner se suicide à 30 ans d'une surdose de... morphine. De lui, il reste quelques poèmes et ce texte fascinant de tristesse que l'on n'oublie pas.

Walter Rheiner
Cocaïne - Traduit de l'allemand par Pierre Deshusses
Rivages
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 7,50 euros ; 96 p.
ISBN: 9782743649159

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