Inhabituellement, les Oscars ont été remis au printemps. Le 25 avril (heure de Los Angeles), la cérémonie star du cinéma américain a décerné ses prix pour les films "sortis" ou diffusés l’année dernière, faisant un triomphe aux adaptations et aux histoires vraies.
Nomadland, adapté de l'essai éponyme de Jessica Bruder, paru en France chez Globe en 2019, et en poche chez J'ai lu le 25 novembre 2020, a été le grand vainqueur de la soirée : meilleur film, meilleure réalisatrice (Chloé Zhao, deuxième femme à remporter cet Oscar dans l’Histoire), meilleure actrice (France McDormand, qui devient la 2e actrice la plus récompensée de l’Histoire). Nomadland est un voyage initiatique: celui d'une veuve sexagénaire, sans foyer et sans emploi, contrainte de quitter sa ville devenue fantôme après la fermeture d'une usine. À l'écart de l'American Dream, le film est un tableau - avec ses somptueux paysages de western - sur les exclus d'une société matérialiste.
The Father, adapté de la pièce Le père du scénariste et réalisateur français Florian Zeller créé la surprise avec un Oscar du meilleur acteur pour Anthony Hopkins et surtout celui du meilleur scénario adapté. Le texte a été publié par L'Avant-scène Théâtre et réédité avec La mère et Le fils par Folio Théâtre le 25 février. La pièce a été créée en 2012, lauréate de trois Molière, déjà transposée librement au cinéma (Florida de Philippe Le Guay), et a connu un grand succès à Londres et à New York. On sait déjà que Florian Zeller va adapter Le fils.
Autre pièce, Ma Rainey's Black Bottom d'August Wilson mettant en scène la chanteuse de blues Ma Rainey. L’adaptation est repartie avec deux Oscars (costumes, maquillages).
Les histoires vraies ont aussi eu le beau rôle : deux Oscars pour Mank (image, décors) sur les coulisses de Citizen Kane et Judas and the Black Messiah (second-rôle masculin, chanson), qui revient sur un homme clé des Black Panthers. Soul, long métrage d’animation de Pixar, est également double vainqueur (film d'animation, musique). Drunk reçoit l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Dans ces Oscars où les femmes, la diversité et Netflix (7 Oscars pour la plateforme !) ont réussi à percer le plafond de verre, signalons enfin, que le court métrage documentaire Colette a gagné l’Oscar dans sa catégorie, le même jour que la Journée nationale en souvenir des victimes et héros de la déportation. Ce film fait le portrait de la résistante française, devenue conférencière, Colette Marin-Catherine, 93 ans, dont le frère fut l’un des déportés au camps de Mittelbau-Dora. Le réalisateur Anthony Giacchino l'a rencontrée alors qu'il souhaitait faire un documentaire sur les résistants, au même moment où il croise l'historien Laurent Thierry, coordinateur deu dictionnaire biographique Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora (Cherche-Midi), sorti en septembre 2020, et récompensé par un Trophée de l’édition et le prix Montluc. Lucie Fouble a rédigé la fiche du frère de Colette, Jean-Pierre Catherine.