Auteur de la série frissonnante Le Gang du CDI (Actes Sud Jeunesse) arrivée à terme fin mars, Vincent Mondiot poursuit son exploration des affres de l’épouvante. Non pas comme maître des cliffhangers et sueurs froides dont l’auteur, aussi réceptionniste de nuit, a le secret, mais comme le pilote d’une nouvelle collection au sein du catalogue d’Actes Sud Jeunesse.
Intitulée « Nocturne » - comme un clin d’œil aux histoires à faire peur, murmurées au coin du feu -, celle-ci entend réhabiliter un genre longtemps laissé aux marges, en proposant aux jeunes adultes des récits aussi bien ficelés que terrifiants. Une ambition mise à l’épreuve de la réalité, le 4 juin prochain, avec deux premiers titres.
Un héritage horrifique
« Depuis tout gamin, je suis un très gros consommateur d’horreur. J’ai commencé à regarder des films d’horreur très tôt, vraiment très tôt, du genre à la maternelle », se souvient Vincent Mondiot, pour qui les Gremlins mutants, comme le deuxième volet d’Alien qu’il a visionné la première fois en CE2, sont autant de fragments d’une enfance initiée à un imaginaire de niche.
Marqué, plus tard, par l’emblématique collection Chair de Poule (Bayard Jeunesse), le livre-jeu Le château aux 100 oubliettes d’Alastair Graham, ou encore la série Spooksville, l’auteur grandit, en définitive, entouré de monstres et d’univers fantasques.
Lorsque Actes Sud Jeunesse lui propose de diriger une collection dédiée à son genre de prédilection, et de débusquer des manuscrits capables de raviver les peurs les plus insondables, l’auteur d’Emergence 7 s’exécute alors sans la moindre résistance. « Actes Sud Jeunesse n’est pas identifié pour produire cette littérature de genre, mais c’est un axe que l’équipe de la maison a voulu développer », explique Vincent Mondiot.
« Très peu d’auteurs osent écrire de l’horreur »
Mais cette carence d’identification n’a pas facilité la tâche du nouveau directeur de collection, notamment dans la recherche de manuscrits susceptibles de correspondre à la ligne éditoriale de la nouvelle création. Plus globalement, l’écrivain s’est heurté à un milieu éditorial peu enthousiaste à l’égard du genre.
« Je pense qu’en France, l’horreur est encore un trope que l’on associe davantage au cinéma qu’à la littérature. Très peu d’auteurs osent en écrire et ceux qui le font peinent à faire publier leurs textes en raison du manque d’intérêt des éditeurs », détaille-t-il.
Après un an et demi de travail, le féru d’épouvante a finalement trouvé deux titres en mesure de séduire les adeptes du frisson, comme les plus frileux. Signé par Elie Darco, Les Profonds emprunte au roman d’horreur et au récit catastrophe et suit trois lycéens réfugiés au cœur d’un barrage hydraulique, après une alerte météo. Encerclés par des flux torrentiels et des montagnes de béton, ils se font les témoins d’apparitions angoissantes et de phénomènes paranormaux.
« L’horreur est irrévérencieuse en soi »
De son côté, Antoine Pietri, journaliste depuis 2008, livre son premier roman, Ce soir c’est carnage, un récit sous-tension, sanguinolent et parsemé de cynisme. Là encore, un trio d’adolescents, les « loosers » du lycée, voient leur quotidien vaporeux prendre une tournure tout à fait sinistre lorsqu’ils sont soupçonnés d’une série d’homicides tous plus violents les uns que les autres. Pour se disculper, les jeunes mènent l’enquête, s’engouffrant, sans le vouloir, aux confins de l’horreur.
« L’horreur est irrévérencieuse en soi. C’est un truc qui ne plaît pas aux parents. Et c’est ce que l’on retrouve avec ces deux titres : du divertissement pur et assumé », complète Vincent Mondiot, ajoutant avoir voulu faire « de la vraie horreur », sombre, terrifiante, parfois même d’une grande violence.
Des références collectives
Pour interpeller l'attention des fans d’horreur, l’équipe éditoriale a également apporté un certain soin à la confection des ouvrages. Pensées dans un format plutôt carré, les couvertures des titres accueillent ainsi une couleur sombre, sur laquelle est apposé un rouge saillant, imprégné avec un effet sérigraphié.
« C’est un signal envoyé à la communauté, acquiesce Vincent Mondiot. Nous n’avons pas voulu faire de fabrications trop travaillées parce qu’il y a une tradition un peu 'pulp' dans l’horreur, une ambiance livre de poche froissé ».
Pour venir les découvrir de visu, se les procurer et rencontrer les deux plumes à l’origine de ces nouveaux monstres et tueurs masqués, une soirée de lancement sera organisée le 11 juin prochain à la librairie La Dimension fantastique, dans le Xᵉ arrondissement de Paris.