Livres Hebdo : Le week-end de Lyon BD s’est déroulé du 10 au 12 juin, mais le mois du off continue. Quel bilan tirez-vous de cette édition, qui a semblé moins fréquentée que d’habitude ?
Nicolas Piccato : Nous avons enregistré 8500 visiteurs sur la partie « in », contre 8000 en 2019 avant la pandémie, donc nous sommes dans une stabilité. L’effet de calme était sans doute dû à une certaine dispersion entre les différents lieux, puisque la plupart des rencontres se déroulaient à la Comédie Odéon, que la Chapelle de la Trinité accueillait des éditeurs indépendants – même si elle était rarement pleine –, et que de nombreuses expositions étaient montées hors de l’Hôtel de ville, qui demeure le cœur du festival.
Justement, c’est là qu’étaient installés les stands pour les dédicaces, gérés par des libraires. Quel est le bilan pour eux ?
Comme nous ne pouvions pas utiliser l’habituel Palais de la Bourse, indisponible en raison des élections législatives, les stands étaient moitié moins grands, et c’est vrai que la fréquentation et les ventes s’en sont ressenties.
C’était votre première édition en tant que directeur. Quelle touche personnelle avez-vous voulu donner ?
Je souhaite faire de Lyon BD un événement fédérateur, festif et international. Je suis content d’avoir pu associer de nombreux acteurs de l’écosystème culturel lyonnais, comme les Subsistances ou l'organisateur de concerts Mediatone, mais aussi les librairies ou les bibliothèques, que j’ai voulu rencontrer très vite une fois nommé. Lyon BD va poursuivre sa recherche de partenaires, auprès des institutions, des musées, des théâtres, des cinémas, dans la ville et autour, pour continuer à proposer de la bande dessinée à tous pendant le mois de juin, sans densifier davantage le seul week-end du festival, déjà bien chargé. Par ailleurs, le test d’une fête d’inauguration ouverte à tous, le vendredi soir, dans un lieu public, a été réussi. Nous développerons ces initiatives car je veux appuyer cette dimension festivalière pour que Lyon BD ne se cantonne pas à un événement de journée. Quant au volet international, programmer des expositions de stars internationales invitées – Ralf König et Zerocalcare cette année – était très important pour leur donner de la visibilité. De plus, nous allons passer en phase de « dissémination » du travail des auteurs sélectionnés dans le cadre du projet Comic Art Europe, qui suscite un bel intérêt.
L’autre actualité de Lyon BD, c’est votre future installation dans le Collège Graphique, ancien établissement scolaire des pentes de la Croix-Rousse, début 2023.
Aux côtés d’une crèche, d’un café-restaurant, d’une résidence étudiante, d’un hostel au concept innovant, nous aurons environ 500 m2 dédiés à Lyon BD. Avec nos bureaux, un studio pour héberger des auteurs en résidence et un « atelier graphique » comportant 22 postes de travail pour des auteurs. Certains seront alloués aux membres de l’association lyonnaise L’Épicerie Séquentielle, d’autres à des jeunes créateurs sortant de l’école Émile Cohl. De plus, nous pourrons avoir l’usage de certains espaces partagés, 3 mois par an, au moment du festival et en fin d’année, pour des expositions ou des médiations.
Prendre possession de tels locaux et accueillir autant d’auteurs, notamment en résidence, représente un budget important. Comment allez-vous financer ces opérations ?
La ville va nous soutenir pour l’installation, mais pour que le lancement puisse être réussi, nous sommes en recherche de partenaires additionnels. Notamment des institutions internationales, qui pourraient être intéressées par développer les résidences d’auteurs.