L’œuvre est ambitieuse, pour Neuvecelle, commune savoyarde de 3000 habitants : s’offrir en centre-bourg une nouvelle médiathèque, un gymnase, unr école, un restaurant scolaire et bientôt une maison d’assistante maternelle et d’accueil de jour pour personnes âgées. Le tout dans un même ensemble aussi chaleureux qu’épuré, avec vue sur le lac Léman. La réalisation a gagné les faveurs d'un jury composé d’architectes, de paysagistes, de journalistes et d’un préfet, qui lui décernent l’Equerre d’argent 2021. L’équivalent d'un Goncourt en architecture, pour ce prix créé en 1960 et aujourd’hui remis par le Moniteur.
Livres Hebdo a posé quelques questions à Nicolas Debicki, architecte à l’atelier PNG avec Antoine Pedro Petit et Grichka Martinetti, associés à Julien Boidot et Emilien Robin et au paysagiste Jérémy Huet (l’Atelier des Cairns).
Quel défi a posé la réunion d’une école, d’un gymnase et d’une médiathèque sur un même lieu ?
Il a fallu mélanger des espaces scolaires et d’autres, la médiathèque et le gymnase, qui accueillent tous les habitants de la commune. Une rue piétonne traverse donc le terrain et la médiathèque a deux accès, dont un escalier dédié aux écoliers.
Où se voit votre patte d’archiecte ?
Nous avons travaillé à trois agences, sans appropriation, ce qui a permis de rendre le projet très riche. Nous étions d'accord sur un premier choix architectural : diviser le projet en petits batîments plutôt qu'un seul gros, pour être respectueux du site, qu’il ne vienne pas dénaturer mais compléter la commune. Ces batiments constituent une sorte de famille. Ils se ressemblent, se répondent les uns les autres. Et nous avons également cherché à rendre les bâtiments les plus gros les plus transparents possibles pour laisser passer le regard.
Quelles étaient les contraintes ?
Il y en avait beaucoup ! La première : neuf programmes à construire, entre l’école, le périscolaire, le restaurant, le parking… La deuxième : les douze mètres de dénivelé, soit quatre hauteurs d'étage ! Ce qui a le mérite de révéler différents points de vue selon la position du spectateur.
La troisième contrainte était économique. Il a fallu calibrer le budget à 7,7 millions d’euros, auxquels il faudra ajouter un million pour le bâtiment qu’il reste à construire. Mais cela reste un beau budget pour une commune de 3000 habitants.
Le cahier des charges mentionnait-il pour la médiathèque le concept de tiers-lieu ?
Non. Le programme est simple, car la bibliothèque est assez petite (285m2) : une grande salle (où l’on trouve des tapis et coussins), avec un espace un peu à l’écart pour la consultation numérique et des salles dédiées aux ateliers avec des enfants. Cela reste classique.
Qu’est ce qui a décidé le jury, selon vous ?
On pense qu’il envoie un signal à la profession, en disant que tous les territoires ont droit à de la recherche, à de la qualité architecturale poussées. Des lieux de tous les jours, utilisés par tout un chacun, ont droit à un traitement architectural contemporain, même dans une commune de 3000 habitants !
Quelle est la plus belle bibliothèque que vous ayez visitée ?
Celles qui me viennent à l’esprit : la bibliothèque Sainte-Geneviève et la salle Labrouste de la bibliothèque de l’INHA.
D’autres bibliothèques sont-elles dans vos cartons ?
Pas pour l’instant, mais on espère !