Trophées de l'Edition 2025

Nicolas de Cointet (Albin Michel) : L’éditeur « le plus chanceux de l’année » [3/5]

Nicolas de Cointet dirige le secteur des beaux-arts chez Albin Michel - Photo Olivier Dion

Nicolas de Cointet (Albin Michel) : L’éditeur « le plus chanceux de l’année » [3/5]

Trophée de l'éditeur ou éditrice de l'année [3/5]. Cette semaine, Livres Hebdo présente chaque jour un des nommés pour les Trophées de l’édition 2025 dans la catégorie éditeur ou éditrice de l’année. Aujourd'hui Nicolas de Cointet. Le directeur du département Beaux-Livres d’Albin Michel s’est lancé il y a tout juste deux ans dans l’édition de littérature avec une insolente réussite, notamment en éditant Les Yeux de Mona de Thomas Schlesser, 5e roman le plus vendu en 2024.

Par Éric Dupuy
Créé le 04.02.2025 à 12h30

Ses longs cheveux gris clair, soigneusement posés en bataille au-dessus d’un corps haut et fin, tranchent avec le ton calme et discret de Nicolas de Cointet, spécialiste du Beau-livre d’art depuis près de trente ans mais dont les premières publications en littérature chez Albin Michel sont remarquées depuis deux ans.

Avec plus de 317 000 ventes en 2024, Les Yeux de Mona de Thomas Schlesser, sorti le 31 janvier, est le 10e ouvrage le plus vendu de l’année, et 5e roman grand format du classement annuel GFK pour Livres Hebdo. Ce n’est que la partie émergée de cette success story éditoriale, dont les droits ont été cédés dans près de 37 marchés internationaux ainsi que ceux d’adaptation audiovisuelle avant parution.

Une aventure commencée à New-York

Phénomène rare pour un premier roman dont Nicolas de Cointet entreprend la lecture du manuscrit un samedi de janvier 2023. « À la fin de la journée, j’appelle Thomas Schlesser, un ami d’ami, comme souvent, en lui proposant un rendez-vous le lundi matin sans lui cacher ma volonté immédiate d’éditer ce texte », se rappelle l’éditeur. Il faut dire que le thème de l’art lui est familier, lui qui a commencé sa carrière chez Aperture, la prestigieuse fondation et maison d’édition de photographie New-yorkaise… Très vite, il s’emballe pour l’auteur, et emmène avec lui plusieurs autres personnes clés de la maison d’édition tout de suite convaincues, à commencer par Francis Esménard, petit-fils d’Albin Michel, ainsi que Gilles Haeri et Anna Pavlowitch qui dirigent aujourd’hui la maison.

Que ce soit Solène Chabanais aux services de cessions de droits étrangers ou Florence Godfernaux à la communication, ou encore Nathalie Collard & Daphné Esménard au commercial ou Céline Chiflet au marketing, Philippe Narcisse à la direction artistique ou Marie Dormann pour le cinéma, jusqu’aux représentants qui furent conquis dès le premier jour, tous ont cru au projet, au point pour Jeanne Arbousset à la fabrication de relever un challenge inédit. « Je souhaitais vraiment que la jaquette à l’américaine que j’avais imaginée puisse se déployer en présentant toutes les œuvres dont il est question dans le texte : c’était impossible de manière industrielle… jusqu’à ce que Jeanne trouve comment rogner sur le vernis du papier afin que les pincettes des machines d’assemblage puissent les prendre », explique-t-il encore émerveillé par ce « travail d’équipe » qu’il tient à faire remarquer. 

Une appli pour beaux-livres

Passé par La Martinière à son retour en France, puis Gallimard à la fin des années 1990 pour une enrichissante mission d’audit sur les collections Folio et la Pléiade, Nicolas de Cointet poursuit sa carrière dans le beau-livre en 2000, chez Delagrave (Flammarion) puis Delachaux et Niestlé (guides et beaux livres sur la nature), les maisons d’édition d’art du groupe Vilo (aujourd’hui disparu) — dont les éditions de l’Amateur en Arts décoratifs ou Marval en photographie — avant de monter le département des beaux livres des éditions Albin Michel en 2009, avec la bénédiction de ses mentors Richard Ducousset et Francis Esménard. Là, il publie entre 15 et 20 ouvrages par an et de multiples projets l’animent, tels que l’application Albin Michel Beaux livres + qui permet à l’utilisateur de récupérer du contenu, souvent vidéo, en scannant la couverture ou une page du livre (sans flash code).  

Peu avare de défi, il se lance en parallèle dans la littérature en 2022 avec le jeune et prometteur Nathan Devers, tout juste diplômé de Normale et déjà reconnu par ses pairs, avec Les liens artificiels, succès critique et en librairie. Il poursuit avec son auteur promis aux plus grandes récompenses littéraires, peut-être dès son prochain roman à paraitre à la rentrée prochaine.

Exposition Les Yeux de Mona pour malvoyants

En attendant, pas un jour ne passe sans que les Yeux de Mona ne se posent sur lui : là une conférence de l’auteur au Louvre (l’un des trois musées visités avec son grand-père par Mona), ici une exposition à destination des aveugles et des malvoyants en partenariat avec l’institut Valentin Haüy au prochain salon du livre de Paris… De quoi une nouvelle fois former des équipes autour d’un projet. « Trophée de l’éditeur de l’année ? », nous répond-il quand on lui annonce sa nomination. « Je veux bien participer si vous le renommez Trophée de l’éditeur le plus chanceux de l’année », envoie-t-il tout de go, sans fausse modestie.

Malgré tout son talent de persuasion, ce ne sera pas possible cette année… Mais pourquoi pas y réfléchir pour les prochaines éditions ? Décidément, Nicolas de Cointet sait mettre de la suite dans ses idées…   

      

 

 

L'Éditeur ou l'Éditrice de l'année 2025

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