Dans un communiqué, Jimmy Carter a salué le "rôle essentiel" joué par Zbigniew Brzezinski dans toutes les grandes décisions de politique étrangère de son mandat. M. Carter cite notamment "la normalisation des relations avec la Chine", la signature du traité SALT II limitant la course aux armements nucléaires avec l'Union soviétique, la négociation des accords de paix israélo-égyptien de Camp David, ou le traité redonnant à Panama le contrôle de son canal stratégique.
Barack Obama a aussi salué la mémoire de Zbigniew Brzezinski, "grand serviteur de l'Etat", "puissante intelligence", et "avocat passionné du leadership américain". "Son influence s'étend sur des décennies" et "j'ai été l'un des présidents américains qui ont bénéficié de sa sagesse et de ses conseils", a souligné l'ancien président dans un communiqué.
Originaire d'une famille aristocratique de Pologne, Zbigniew Brzezinski nourrissait une méfiance sans faille pour l'Union soviétique, qui le plaçait plus du côté des "faucons" de la politique étrangère américaine que des "colombes" malgré son affiliation démocrate.
"Pendant ses quatre ans auprès de M. Carter, à partir de 1977, bloquer l'expansionnisme soviétique à tout prix a été le leitmotiv de la politique étrangère américaine, pour le meilleur ou pour le pire", relevait samedi 27 mai le New York Times. Zbigniew Brzezinski a notamment soutenu l'aide américaine aux rebelles islamiques afghans contre les troupes soviétiques en Afghanistan, soutien qui a favorisé pour beaucoup l'émergence ultérieure dans le pays des talibans et d'Al-Qaïda.
Des ouvrages et une biographie
Il a aussi joué un rôle clé dans la définition de la politique américaine face au nouveau régime chiite iranien après la révolution de 1979 conduite par l'ayatollah Khomeiny, et la prise d'otage du personnel de l'ambassade américaine à Téhéran.
Il défendra, contre l'avis du secrétaire d'Etat de l'époque Cyrus Vance, le projet d'une expédition armée pour délivrer les diplomates américains. L’expédition se terminera en fiasco, et mènera à la démission de Cyrus Vance, lassé de ses luttes d'influence perpétuelles avec M. Brzezinski. Après la fin de la présidence Carter, Zbigniew Brzezinski restera une voix influente à Washington, encore invité à témoigner en tant qu'expert par le Congrès jusqu'à très récemment.
En décembre 2015, Justin Vaïsse, directeur du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie du Quai d'Orsay, lui avait consacré une biographie, Zbigniew Brzezinski: stratège de l'empire chez Odile Jacob. "Il a aimé ma biographie, a discuté certains points mais n'ajamais essayé de la modifier", a écrit l'auteur dans un tweet samedi.
Brzezinski could read French: he liked my bio, took issue with sm points but never tried to change it.
— Justin Vaïsse (@JustinVaisse) 27 mai 2017
English version: HUP early 2018 11/12 pic.twitter.com/6yHTtxIUf5
En 2003, il avait été l'un des rares figures de la politique étrangère américaine à s'opposer à l'invasion de l'Irak décidée par le président George W. Bush. Dans son dernier tweet, le 4 mai, le conseiller diplomatique taclait Donald Trump, à l'élection duquel il s'était opposé. "Un leadership américain sophistiqué est la condition sine qua non pour un monde stable. Mais nous n'avons pas le premier, et le second va de pire en pire", écrivait-il.