Mort de Christian Bobin : “l'ermite du Creusot” en 10 livres
Vendredi 25 novembre, Gallimard a annoncé le décès du poète à succès. Livres Hebdo vous propose une rétrospective de sa vaste contribution à la littérature française.
Par
Léon Cattan
avec AFPCréé le
25.11.2022
à 15h35, Mis à jour le 28.11.2022 à 16h17
Il n'avait jamais cessé d'écrire. Cet automne, Gallimard publiait son roman Le muguet rouge ou encore une anthologie d'œuvres choisies dans la collection Quarto, Les différentes régions du ciel. Vendredi 25 novembre, la maison d'édition a annoncé le décès de Christian Bobin, à l'âge de 71 ans.
Professeur de philosophie, bibliothécaire ou encore poète... Celui qu'on appelait "l'ermite du Creusot", réputé pour son agoraphobie, a revêtu bien des visages. Auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, il avait commencé la littérature à 22 ans avec Lettre pourpre, mais ce n'est qu'en 1992 qu'il pourra accéder à la renommée. Le Très-Bas, un essai hybride consacré à la vie de saint François d'Assise édité chez Gallimard, s'écoulera à environ 400 000 exemplaires et lui vaudra deux prix : celui des Deux Magots et le Grand prix catholique de littérature, en 1993.
En 2016, c'est au tour de l'Académie française de le distinguer pour l'ensemble de son œuvre. Son travail, Christian Bobin le résumait ainsi : "J'ai préféré aller vers ce qui semble ignorer le passage du temps : les fleurs, l'amour dans sa première timidité, l'attente, la beauté d'un visage, le silence, la longue durée... Toutes ces choses que la vie moderne petit à petit commençait à nous enlever, à nous voler."
À travers une courte bibliographie, Livres Hebdo vous propose de revenir sur ses œuvres les plus emblématiques :
La part manquante (Gallimard 1989, Folio 1994) 11 textes où Christian Bobin livre ses réflexions sur l'amour, l'abandon, Dieu et l'enfance. "C'est par incapacité de vivre que l'on écrit. C'est par nostalgie d'un Dieu que l'on aime. Un livre, c'est un échec. Un amour, c'est une fuite."
Une petite robe de fête (Gallimard 1991) Ce qui frappe dans ces récits de C. Bobin, c'est le rythme et la simplicité de son écriture, le mot juste qui, sans fioritures, va droit à l'essentiel et donne à son sentiment poétique de la vie, la clarté d'une évidence.
Le Très-Bas (Gallimard 1992, Folio 1995) On dit par exemple : Saint-François-d'Assise. On le dit en somnambule, sans sortir du sommeil de la langue. Les mots viennent dans un ordre qui n'est pas le nôtre. Très peu de vraies paroles s'échangent chaque jour. Peut-être ne tombe-t-on amoureux que pour enfin commencer à parler. Peut-être n'ouvre-t-on un livre que pour enfin commencer à lire.
La plus que vive (Gallimard 1996, Folio 1999) Un hommage à son amour de jeunesse Ghislaine, morte prématurément. "Tu meurs à quarante-quatre ans, c'est jeune. Aurais-tu vécu mille ans, j'aurais dit la même chose ; tu avais la jeunesse en toi, pour toi. Ce que j'appelle jeune, c'est vie, vie absolue, vie confondue de désespoir, d'amour, de gaieté. Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le cœur a la jeunesse, pour lui, en lui, avec lui."
Autoportrait au radiateur (Gallimard 1997, Folio 2000) "Ce n'est pas un journal que je tiens, c'est un feu que j'allume dans le noir. Ce n'est pas un feu que j'allume dans le noir, c'est un animal que je nourris. Ce n'est pas un animal que je nourris, c'est le sang que j'écoute à mes tempes, comme il bat – un volet ensauvagé contre le mur d'une petite maison."
Ressusciter (Gallimard 2001, Folio 2003) Recueil de réflexions, d'aphorismes sur la vie, la mort et l'amour et de souvenirs d'instants de vie.
Un assassin blanc comme neige (Gallimard 2011, Folio 2012) Ces images poétiques sur la recherche de l'âme sont glanées auprès de personnes croisées dans une maison de retraite, un bistro, la gare du Creusot, avec comme références sous-jacentes les Pensées de Pascal ainsi que des artistes tels que Rimbaud, Matisse ou encore Hokusai.
Le plâtrier siffleur (Poesis 2018) Un texte qui traite du rapport de l'homme à la nature, de la beauté, de la simplicité et de la frugalité. De grandes figures de la littérature sont évoquées telles qu'Emily Dickinson ou Ernst Jünger.
Le muguet rouge (Gallimard 2022) Une ode aux esprits singuliers et solitaires, ainsi qu'à la vie qui persiste à la marge des foules déshumanisées.
Les différentes régions du ciel. Œuvres choisies (Gallimard 2022) 17 textes de formes variées, représentatifs de l'œuvre foisonnante de Christian Bobin, assimilable à une déambulation poétique et contemplative de l'obscurité à la lumière.
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