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Master de création littéraire : Le métier d’écrivain s’apprend-t-il à l’école ?

Soirée de clôture du Master à la maison de la poésie

Master de création littéraire : Le métier d’écrivain s’apprend-t-il à l’école ?

Mis en lumière grâce à une belle présence dans la rentrée littéraire d'hiver, le master de création littéraire de Paris VIII semble être le lieu idéal pour celui qui souhaite faire de l'écriture son métier. 

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Par Pauline Gabinari
Créé le 22.12.2021 à 20h00

Anouk Lejczyk, Adèle Rosenfeld, Diadié Dembele, Hélène Laurain… Cet hiver, les primo-romanciers de la rentrée sont nombreux à venir du Master de création littéraire de Paris VIII. Passage rapide sur les bancs de l’université parisienne et contrat d’éditeur en main pour les plus chanceux, à peine partis, ils sont remplacés par une nouvelle fournée d’écrivains à en devenir. Alors, fabrique d’auteurs ou incubateur littéraire, en quoi consiste cette formation dans laquelle sont passés de nombreux auteurs en vogue comme David Lopez ou Fatima Daas ? 
 
Une petite structure
 
Créé, par les écrivains Olivia Rosenthal et Lionel Ruffel, le Master de création littéraire de Paris VIII souhaite offrir une nouvelle façon d’enseigner. « Nous avions une envie profonde de renouveler la pratique littéraire », explique Lionel Ruffel. Déjà professeurs à l’université, les deux écrivains s’entourent de confrères pour monter en trois ans la section et ouvrir une première promotion dès 2013. Rapidement, les candidatures affluent pour atteindre ces dernières années 300 dossiers pour seulement 22 étudiants par an. « Nous avons besoin de maintenir une petite taille pour rester au plus proche de nos élèves », justifie le co-fondateur de la section. 
 
A chaque semestre, la formation se découpe en plusieurs blocs. Des ateliers d’écriture entrecoupés de quelques cours théoriques sont organisés par chaque professeur. A cette partie « scolaire », sont ajoutées des classes professionnalisantes auxquelles sont conviés tous les acteurs du monde littéraire des éditeurs aux directeurs de festivals littéraires. Enfin, la formation propose une classe « suivi de projet » où l’élève « lit à un petit groupe d’étudiants quelques pages de son manuscrit en cours », précise Christine Montabetti, professeure.
 
Ne pas formater 
 
Si au premier abord l’idée d’une classe d’auteurs peut paraître surprenante contenu de la dimension créative et individuelle qu’un tel métier implique, le concept de cette formation « n’est pas de créer des auteurs mais d’aider les étudiants à trouver leur voix », souligne Sylvain Pattieu qui a donné cours plusieurs années d’affilées. «On peut tout à fait comparer notre travail à celui d’un coach de sport : son métier n’est pas de fabriquer un athlète mais de l’accompagner au mieux dans sa progression », illustre-t-il. Christine Montabetti, pour qui liberté et création vont ensemble, a d’ailleurs imaginé un système de correction approprié. Loin du stylo rouge dictatorial, elle propose à ses élèves deux solutions pour que ces derniers aient toujours le choix. « Mon but est de faire trembler les possibles, pas de formater », résume-t-elle.
 
Côté uniformité, ce master souhaite également encourager plus de diversité dans le monde éditorial. « L'intéret de cette formation est aussi de donner confiance à ceux qui ne sont pas, grâce à leur famille, des héritiers de l'écriture », explique Sylvain Pattieu égrenant les nombreux pays dont ses étudiants étaient originaires. Pour le professeur, cette hétérogénéité est permise grâce au bouche à oreille et par le biais de dispositifs comme les ateliers Médicis à Clichy-sous-bois. Une initiative par laquelle est passée Fatima Daas dont le premier roman enregistre aujourd’hui plus de 46 000 exemplaires vendus tous formats confondus. 
 

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