L'ombre du soleil. Le soleil, toujours, suscite l'ombre. À la fin du xvii^e siècle, tandis que le royaume de France ruisselait de la magnificence du Roi-Soleil Louis XIV, la cour devenue folle de complots, de déliquescence morale, de libertinage effréné, de méfiance et de haine, est en proie aux pires pulsions. Jamais peut-être la noblesse n'a aussi mal porté son nom, elle qui ourdit de sombres vengeances dans ses hôtels particuliers parisiens ou dans les châteaux du roi. Parties fines, cupidité, morts suspectes défraieront la chronique au moment de l'affaire dite « des poisons ». Son étrange inspiratrice est une aristocrate en quête de liberté et de profits, la marquise de Brinvilliers. C'est de cette affaire que Marc Dugain s'inspire très librement pour son nouveau roman, Légitime violence. On connaît sa passion pour le récit historique (se souvenir ainsi de son impeccable adaptation à l'écran du livre de Chantal Thomas, L'échange des princesses), on ne peut ignorer son obsession pour les mécaniques funestes du pouvoir et combien sont toujours broyés tous ceux qui s'en approchent. C'est bien cela dont il est ici question ici. C'est aussi l'occasion d'un vigoureux plaidoyer pour une condition féminine alors totalement niée. « Comme l'amour n'était généralement pour rien dans les rapports sociaux entre hommes et femmes, les intrigues et les tromperies n'étaient pas vues, malgré la bigoterie environnante, comme de véritables trahisons [...] On ne connaissait plus chez certains, de limites aux jeux de l'amour, bien aussi divertissants que les jeux de hasard. » Ce marivaudage aura pourtant quelque chose de tragique.