Roman/France 6 septembre Olivier Liron

Même si l’on n’a pas la télé, on a forcément entendu parler de « Questions pour un champion », le célèbre jeu de culture générale longtemps animé par Julien Lepers sur France 3, mais dans Einstein, le sexe et moi, vous allez pouvoir vous glisser dans la peau d’un brillant candidat, avec, aux commandes du buzzer, Olivier Liron, découvert en 2016 avec Danse d’atomes d’or (Alma éditeur). Ce deuxième livre change totalement de registre. C’est un autoportrait avec suspense qui déroule la vie de l’auteur à travers une expérience véridique, très sérieuse et très drôle à la fois?: en 2012, à 25 ans, ce normalien doctorant en lettres participe à l’enregistrement de l’émission du dimanche qui réunit les vainqueurs des quotidiennes. Ce défi n’a rien d’une lubie de brillant sujet en mal de compétition populaire. Il n’y a pas de second degré, le candidat Olivier joue pour gagner, comme si son avenir en dépendait. De fait, c’est une question de vie ou de mort. L’importance de l’enjeu s’éclaire lorsque l’on apprend dès les premières lignes que le garçon est autiste Asperger.  

Le récit suit presque minutes par minutes le déroulé du jeu. Et l’autobiographie vient s’intercaler entre les questions de botanique et d’ornithologie (ses points forts). Commentaires décalés, mémoire surpeuplée de dates, de listes et de classements, descriptions comiques des autres candidats, du maître de cérémonie et des coulisses, usage du vocabulaire sportif : « bonne entame de match », « j’étais bien »…, l’histoire de cette journée décisive avance par des associations d’idées pleines de fantaisie qui rendent légers des souvenirs qui ne le sont pas. Défilent la famille (la mère qui a oublié ses origines espagnoles, la grand-mère Josefa), les premières amoureuses, les images cruelles du « collège républicain » dans le petit village de province où sa « vie était un enfer ». Celle d’un enfant seul et triste qui se faisait traiter de « gogol » – « le mot que j’ai entendu le plus jusqu’à mes 14 ans » –, et plus tard d’un jeune homme différent, accablé par la honte de ne savoir déchiffrer les codes sociaux. 

Porté par son autodérision, Einstein, le sexe et moi n’est pas un récit revanchard ou plaintif mais l’expérience d’une libération. « Bienvenue dans mon monde », lançait Olivier Liron en préambule. On y est bien accueilli. « Olééééé ! » ponctuerait Julien.

Olivier Liron
Einstein, le sexe et moi : romance télévisuelle avec mésanges
Alma éditeur
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 18 euros ; 280 p.
ISBN: 978-2-36279-287-8

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