Rester vivant. « La guerre provoque une modification de la réalité, et par conséquent, de la langue. » Luba Yakymtchouk manie la sienne avec dextérité, créativité, humour et lyrisme. Récompensée par le Prix international de poésie slave, elle slalome entre proses poétique, théâtrale et scénaristique. Son œuvre, traduite dans plus de dix pays, nous fait découvrir le sien, une terre blessée déjà abordée dans l'ouvrage collectif Hommage à l'Ukraine (Stock, 2022). Son recueil Les abricots du Donbas a été qualifié de nécessaire par la revue Forbes. La poétesse propose ici une préface inédite, éclairante et vibrante. « Je dédie ce livre à la véritable maison de chacun d'entre nous, que personne, sous aucun prétexte, n'a le droit de prendre. » Elle-même en a été privée lors d'un assaut de séparatistes prorusses en 2014. Une date déjà lointaine, mais comment vit-on tant de déchirements ? « Sous l'occupation, nous perdons tout contrôle sur notre corps qu'on torture, viole, tue, et sur notre culture, qu'on détruit en premier. » Aucune école ne peut nous y former. « Nous nous préparions à la guerre, mais il était impossible d'y être prêt. La première chose que l'on perd lorsque la ville est assiégée, c'est le contrôle de sa propre vie. » Tout est arraché, détruit. « Inspiration-explosion / Je sursaute. » La peur, le désarroi, l'émigration ou « la décomposition » en résultent, mais inutile de céder à la haine. « À partir de maintenant, tu vas regarder les rêves. » Car, « en temps de guerre, on peut aussi aimer et rire, autrement dit : rester véritablement vivant. »
Des femmes-Antoinette Fouque
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 18 € ; 176 p.
ISBN: 9782721012036