Quarante-cinq ans après l’arrêt de sa diffusion, le périodique imagé, féminin, féministe et très gay Ah ! Nana est de retour, mercredi 25 octobre, en librairie grâce à un financement participatif.
L’équipe des éditions Les Humanoïdes associés, qui a relancé le magazine Métal Hurlant il y a un peu plus d’un an, a souhaité ouvrir le bal des hors-séries avec un hommage aux créatrices de cette aventure pionnière dans le monde de la bande dessinée française qu’est Ah ! Nana.
« C’est un courant féministe incroyable, s’enthousiasme l’éditrice Cécile Chabraud, qui a piloté le projet du premier hors-série. Plusieurs générations s’y expriment avec des portraits écrits et dessinés. » Pour le porter, l’équipe a préalablement organisé une campagne sur KissKissBankbank, la plateforme de financement participatif avec contreparties. La campagne a réalisé 270 % de son objectif grâce à plus de 1 300 contributions, qui allaient de la simple réception du numéro 1 à 19 €, en primeur, jusqu’à l’abonnement à deux ans de Métal Hurlant, à 139 €, avec des goodies et artefacts des unes des anciens numéros parus.
Censuré en kiosque
« L’idée, c’était aussi de proposer autre chose que Métal Hurlant », explique Cécile Chabraud. Le contenu d’Ah ! Nana reflète une très grande liberté et les préoccupations féministes de son temps, pour aborder les sujets les plus délicats comme les plus tabous de la société de la fin des années 1970 : art, mode, mais aussi sexualité féminine, violences subies par les femmes, nazisme ou transidentité.
Ce dernier lui a valu une interdiction de ventes aux mineurs, forme de censure lui interdisant l’accès aux kiosques et synonyme de condamnation.
Roman-photo d’Agnès Varda
On peut lire dans le premier « Edith Orial » : « Elles étaient quelques dessinatrices, coloristes et journalistes à se plaindre réciproquement de devoir assumer les fantasmes masculins déguisés en règle d’or de la presse. » Alors, Ah ! Nana a ouvert la voie à une nouvelle génération de féministes avant-gardistes, brisé les stéréotypes, bousculé les conventions et donné un espace de liberté à des autrices de renom : Chantal Montellier, Florence Cestac, Nicole Claveloux, Trina Robbins, Paula Jacques ou encore Agnès Varda (dans un surprenant roman-photo d’après son film L’une chante, l’autre pas), sans toutefois fermer la porte à quelques signatures masculines, comme Tardi ou Mœbius.
Enfin, il a offert un espace unique au punk et au rock’n’roll féminin avec Patti Smith, Blondie et d’autres artistes mythiques... Tout un univers à retrouver dès mercredi 25 octobre en librairie.