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L'histoire étonnante des 65 dessins inconnus de Vincent Van Gogh dévoilés par Le Seuil

La couverture de Vincent Van Gogh, le brouillard d'Arles, carnet retrouvé, publié le 17 novembre 2016 au Seuil. - Photo F.Piault/LH

L'histoire étonnante des 65 dessins inconnus de Vincent Van Gogh dévoilés par Le Seuil

Rassemblant dans leur format original des œuvres fascinantes réalisées sur un grand carnet récemment retrouvé en Provence, Le brouillard d'Arles, présenté par l'experte du peintre néerlandais, Bogomila Welsh-Ovcharov, paraît le 17 novembre en France, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Allemagne, et peu après au Japon.

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Créé le 15.11.2016 à 17h30

Annoncé en juin sans le moindre détail, présenté dans l'après-midi du mardi 15 novembre à Paris lors d'une conférence de presse internationale, Vincent Van Gogh, le brouillard d'Arles, carnet retrouvé, paraît jeudi 17 novembre au Seuil sous la signature de l'experte du peintre néerlandais, Bogomila Welsh-Ovcharov. Il dévoile pour la première fois un ensemble exceptionnel de 65 de ses dessins, totalement inconnus et inédits, constituant un événement éditorial et artistique majeur.

L'ouvrage au format allongé verticalement (257 x 390) reprend dans leur dimension originale l'ensemble des dessins qu'a réalisé Van Gogh à Arles, aux Saintes-Maries-de-la-Mer et à Saint-Rémy-de-Provence entre mai et septembre 1888 sur un "brouillard", un grand carnet de comptes qui lui a été offert par Joseph et Marie Ginoux, les tenanciers du Café de la gare d'Arles, chez lesquels il a habité. Ce carnet s'est ensuite transmis de génération en génération dans des familles de la région sans que les dessins ne soient clairement identifiés.

Le Seuil, qui détient les droits mondiaux du livre qu'il commercialise avec un prix de vente public de 69 euros, a organisé pour lui un lancement simultané avec Abrams (Etats-Unis et Grande-Bretagne) et Knesebeck (Allemagne), filiales comme lui du groupe La Martinière, et Lanoo (Pays-Bas et Flandre). Le titre paraîtra également quelques semaines plus tard au Japon chez Kawade Shobo Shinsha. Vincent Van Gogh, le brouillard d'Arles, carnet retrouvé fait l'objet d'un tirage initial total de quelque 70 000 exemplaires, dont 25 000 en français.

Une histoire éditoriale étonnante

Au Seuil c'est Bernard Comment, le directeur de la collection "Fiction & Cie", dans laquelle il a notamment publié en 2014 une biographie du célèbre peintre néerlandais, Van Gogh ou l'enterrement dans les blés, par Viviane Forrester, qui a le premier entendu parler de l'existence de dessins inédits de Van Gogh, au début du printemps 2015. Mais, "je n'y croyais pas, admet-il aujourd'hui, car Ambroise Vollard [célèbre marchand d'art et galeriste qui révéla Van Gogh, entre autres, NDLR] avait envoyé beaucoup de monde à Arles pour tout ratisser".

Pendant l'été 2015 cependant, où il se trouve dans le sud de France, l'éditeur déjeune à Aix-en-Provence, grâce à un intermédiaire, avec le commissaire priseur Franck Baille, spécialiste de la peinture des 18e et 19e siècle, qui représente la propriétaire actuelle des dessins. Après avoir envisagé plusieurs hypothèses – vente, exposition –, ce dernier a choisi de faire d'un livre l'acte de divulgation des œuvres. 

"L'intermédiaire avait pensé à moi à cause de mon édition des Fragments, de Marilyn Monroe, précise Bernard Comment. Après le déjeuner, nous avons été dans un local sécurisé où ont défilé devant moi les 65 dessins, détachés du carnet : ils étaient magnifiques, j'étais estomaqué."

"La beauté, cela fait de l'effet, ajoute l'éditeur. En sortant, j'étais hébété. Je me suis assis sur un banc public de la ville, où je suis resté pendant près d'une heure avant de pouvoir reprendre ma voiture. C'était un incroyable trésor, qui ne se prêtait pas à un dispositif éditorial classique, mais imposait une sortie mondiale."

Un ensemble spectaculaire

Alors que le livre de compte vierge avait été donné à Vincent Van Gogh par les Ginoux, probablement parce que sa conception était devenu obsolète au regard de l'évolution des règles comptables, le peintre, à son départ de Provence, s'est attaché à le leur faire restituer avec ses dessins, probablement en remerciement. Au fil des transferts, il est bien identifié comme carnet de dessins, mais son origine se perd, en même temps que le nom de l'artiste. "La propriétaire actuelle l'a reçu de sa mère comme un cadeau d'anniversaire, avec essentiellement une valeur d'attachement car il rassemble des dessins de la région", explique Bernard Comment.

"Finalement, poursuit l'éditeur, alors qu'un membre de la famille a voulu en vendre quelques uns, quelqu'un a fait remarquer qu'ils valaient peut-être plus qu'il n'apparaissait au premier abord", poursuit l'éditeur. C'est ainsi que Franck Baille a été contacté au début des années 2010. Mais, au départ, "lui non plus n'y a pas cru, indique Bernard Comment. Il ne s'est rendu sur place que quelques mois plus tard : il se trouvait dans la région et a voulu vérifier par acquit de conscience. Là, il a réalisé qu'il avait en fait affaire à un truc énorme."

Un travail gigantesque de spécialistes au premier rang desquels Bogomila Welsh-Ovcharov, qui signe l'ouvrage, et Ronald Pickvance, qui en a rédigé l'avant-propos, a alors été engagé pour vérifier et annoter les œuvres.

De toute beauté, d'une grande fraîcheur, les 65 dessins au calame "nous offrent de nouveaux aperçus sur le processus créatif de Van Gogh dessinateur, écrit Bogomila Welsh-Ovcharov. (...) Ils n'étaient destinés qu'à lui-même". On retrouve des cyprès et d'autres arbres, des paysages de Provence, mais aussi des portraits jamais vus. "Beaucoup d'entre eux sont des "premiers jets", exécutés à main levée sur le motif et voués à être conservés et retravaillés ultérieurement, ou explorés comme première idée d'un tableau ou d'une éventuelle étude", précise l'experte.

Apportant dans ces notes, pour chaque dessin de multiples informations circonstanciées, Bogomila Welsh-Ovcharov se félicite de rencontrer à travers le "brouillard" non seulement "le grand artiste que nous connaissons à travers des tableaux extraordinaires et une vie bien documentée", mais aussi "un Van Gogh graphiste inattendu".

Une édition particulièrement soignée

Pourtant, le montant des droits de publication du livre n'est "pas spectaculaire, assure Bernard Comment. Les ayants droits tenaient surtout à la qualité de la divulgation. Nous leur avons promis de faire le mieux de ce que l'on peut faire aujourd'hui, sans effet tape-à-l'œil." 

Alors que "le crayon est extrêmement difficile à reproduire", rappelle Bernard Comment, Le brouillard d'Arles a fait l'objet d'un "gros travail de photogravure". Surtout, se félicite l'éditeur, qui s'est attaché à conserver le format original des dessins et à les reproduire recto-verso pour conserver l'esprit du carnet, en séparant les dessins des notes, "nous avons pu bénéficier en avant-première d'un nouveau papier qui ne sera commercialisé qu'en décembre, le Munken, qui permet de restituer toutes les nuances du matériau original".

L'impression a été réalisée en Allemagne, "chez un imprimeur recommandé par le photograveur, pratiquant un tarif deux fois plus élevé qu'en Italie, mais suivant un process quasiment artisanal. Cela a d'ailleurs conduit à limiter le nombre de pays pour le lancement simultané du livre".
 

Le carnet de dessins de Van Gogh ne serait pas de sa main selon le Musée Van Gogh à Amsterdam

Les dessins contenus dans un carnet "retrouvé" du peintre néerlandais Vincent van Gogh, présentés par l'éditeur qui doit les publier jeudi comme des esquisses inédites, ne sont que des "imitations", a affirmé mardi à l'AFP le musée Van Gogh d'Amsterdam.

Les experts du musée, "sur la base d'années de recherches sur les dessins de Van Gogh dans la collection du musée et à d'autre endroits, ont conclu que ces dessins sont des imitations des dessins de Van Gogh", a indiqué le musée, pointant notamment du doigt la qualité de l'encre utilisée, le style des dessins et des erreurs topographiques.

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