Son nom est celui d’un pigment vif rouge issu du sulfure de mercure, autrefois utilisé par un peuple chinois comme élixir d’immortalité. Baptisée « Cinabre », la maison d’édition fondée en 2018 par Solveig Placier, et installée à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), prend un nouveau départ et précise sa ligne éditoriale. À raison de quatre publications par an, elle entend désormais faire la part belle aux beaux livres, associant voyage, histoire de l’art et création artistique contemporaine.
« Entre 2018 et 2024, la maison a connu une première phase durant laquelle trois ouvrages ont été publiés. Aujourd’hui, je crois avoir trouvé le bon axe éditorial. Il me fallait simplement trouver mon équilibre entre le développement de la maison et mon activité de conférencière de voyages », explique Solveig Placier.
« L’histoire de l’art ne peut se passer d’échanges culturels »
Formée en histoire de l’art à l’École du Louvre, la dirigeante de Cinabre a travaillé une quinzaine d’années pour des éditions spécialisées à l’instar de Hazan ou d’Archibooks. Avec cette nouvelle aventure en solitaire, elle entend laisser s’exprimer un besoin de « suivre ma propre voix éditoriale, de m’extraire du champ de la commande et de la coédition pour redonner sa place au geste artistique ».

De ses voyages – elle a notamment remonté les routes de la soie et s’est établie un temps au Japon –, Solveig Placier a tiré une leçon essentielle : « L’histoire de l’art ne peut se passer d’échanges culturels ». Une conviction profonde qu’elle a souhaité retrouver dans chaque œuvre de la maison.
Quatre nouvelles collections
Après avoir créé la collection « Rebonds » qui associe le travail d’un écrivain à celui d’un plasticien (laquelle a donné lieu à L'île des morts de Vincent Daenen et Olivier Moriette, Depuis ses épaules de Lefebvre Zisswiller ou encore Absolus. Let’s get high ! de Paul Ardenne et Christophe Beauregard), Solveig Placier a donc décidé d’affiner la ligne éditoriale de Cinabre, grâce à quatre nouvelles collections pensées comme autant de concepts.

À l’automne 2025 paraîtra donc Rubis. La première braise, premier titre de la collection « Petites braises » qui invitera le lecteur à suivre la trajectoire d’une gemme, depuis son extraction jusqu’à son intégration dans une œuvre ou un objet d’art. Au format poche, la collection « Iter opera » proposera quant à elle de découvrir les trajectoires de différentes œuvres au travers d’anecdotes aussi truculentes qu’émouvantes.
Associer histoire de l’art et création plastique
Centrée sur le rôle joué par les voyages dans l’inspiration des artistes, la collection « Partance » ambitionne, de son côté, d’éclairer les itinéraires et les modalités de déplacements de plusieurs personnalités bien connues du grand public, telles que Claude Monet, au cœur de la prochaine parution. Enfin, « L’art de la route », collection prestigieuse de la maison, s’intéressera à la culture matérielle et artistique de routes culturelles célèbres.
« Dans chaque collection, l’idée est d’associer histoire de l’art et création plastique qui sont, d’ordinaire, deux disciplines très cloisonnées, insuffisamment traitées conjointement dans l’édition d’art. Pourtant, je crois que publier des artistes vivants permet une ouverture sur la création moderne, qui elle-même ne peut être comprise sans l’histoire de l’art », détaille Solveig Placier qui a d’ailleurs intégré le réseau Fontaine O Livres.
Jusqu’alors, l’éditrice finançait les parutions grâce à des campagnes de souscription. S’ils sont distribués par La Générale Librest, les ouvrages sont encore, à ce jour, auto-diffusés. Mais les prochains, inscrits dans un projet qui se structure à mesure que l’ambition de Solveig Placier grandit, pourraient bien être pris en charge par un acteur tierce et soutenus par de nouveaux partenaires.