Cet été, la bibliothèque du Chesnay, dans les Yvelines, s'est donné un petit air d'ailleurs en se transformant en vaste bateau. Dans un décor de bouées, de cartes marines et de drapeaux, elle invite au voyage parmi les sélections de livres présentées sur des tables baptisées "la cambuse", "le pont", "la cale". Ce bel établissement de 2 000 m2 ouvert en juin 2009 joue sur la clarté et la transparence de ses deux grands plateaux ouverts. Comme dans beaucoup de conceptions récentes, la bibliothèque du Chesnay a été créée pour devenir un lieu de convivialité et d'échange très accueillant. Mais elle présente une particularité : elle a dès l'origine du projet réservé une place privilégiée aux ressources numériques. Elle a notamment fait le choix - très controversé dans la profession - de ne pas proposer de collections de CD ni de DVD, mais seulement une offre en ligne, et d'expérimenter concrètement le concept de bibliothèque hybride. Ici, les livres et les ordinateurs donnant accès aux ressources en ligne se côtoient dans les mêmes espaces. "Notre parti pris a été de jouer la complémentarité entre les collections papier et les collections numériques", explique Véronique Poyant, directrice de la bibliothèque.
Une offre en évolution constante
Après deux ans de fonctionnement, l'équipe est en mesure de tirer des enseignements concernant ces options, sur lesquelles s'interrogent actuellement tous les responsables chargés d'élaborer des projets de médiathèque pour les années à venir. Un premier bilan tout en nuances : les cours de langues et les usuels en ligne, les bases de données et les sites payants tels que Lexbase pour le droit ou Planet Nemo pour les enfants ont rapidement trouvé leur public.
Du côté de l'image, l'offre de 1 200 films et documentaires de "La médiathèque numérique" conçue par Arte et Universciné, consultables sur place ou à distance, se taille un joli succès. Mais l'utilisation des ressources numériques en musique (la bibliothèque propose le site de la Cité de la musique et Bibliomédias) reste en revanche décevante. Il semble que l'offre ne corresponde pas aux attentes ni aux pratiques des usagers.
A partir de la rentrée, la bibliothèque va étoffer encore ses ressources en ligne avec, notamment, Europresse.com, restant attentive à ce monde du numérique en perpétuelle évolution, comme le souligne Véronique Poyant : "Nous expérimentons beaucoup, sans nous fixer d'objectifs précis. Tout bouge très vite. En musique par exemple, nous avions conçu une offre basée sur le téléchargement, alors que finalement c'est le streaming qui s'impose. Ce qui est sûr, c'est que les usages sont là et qu'il n'est pas question de revenir en arrière."
