L'institution parisienne acquiert un patrimoine dense, riche et complet, retraçant la vie d'Edouard Glissant depuis les années 1970 jusqu'à sa mort en 2011, à 82 ans. Fleurons du fonds, les différents états de ses célèbres essais, Le discours antillais (1981) et Le traité du Tout-Monde (1997), dans lesquels il théorise, entre autres, son concept-phare, celui de la créolisation: "un métissage, d'arts ou de langages, qui produit de l'inattendu, (…), un espace où la dispersion permet de se rassembler, où les chocs de culture, la disharmonie, le désordre, l'interférence deviennent créateurs, (…) qui bouscule l'uniformisation par les grandes centrales médiatiques et artistiques", expliquait l'auteur dans une interview donnée au quotidien Le Monde, quelques jours avant son décès.
Le fonds comprend aussi des écrits rares de l'auteur, tels que ses Notes pour un traité de la décolonisation, écrites autour de 1959, jusque là inconnues du public, mais aussi les Actes du Congrès constitutif du Front antillo-guyanais, devenues quasiment introuvables après la dissolution du Front en 1961.
Très attaché au cahier de brouillon et au papier, Edouard Glissant laisse également derrière lui de nombreux manuscrits truffés de croquis, d'annotations et d'images, qui permettront de mieux connaître la genèse de ses œuvres.
Achetées grâce aux dons de mécène et au Fonds du patrimoine, les archives d'Edouard Glissant seront présentées officiellement en septembre prochain aux donateurs. Elles rejoindront les dernières grandes acquisitions d'archives de grands auteurs du XXe siècle par la BnF : celles de Michel Foucault et d'Antonio Tabucchi, en 2013.