Aodren Buart a 22 ans. Il a étudié les lettres et le cinéma, pratique le théâtre baroque. Rien que de banal pour un jeune Occidental. Mais, en 2016, quelque chose a, semble-t-il, changé sa vie. Il est parti en Chine pour un long voyage en solitaire. Il en a rapporté un premier roman, ce Singe de la montagne, que l'on peut lire comme un conte initiatique. Le héros, le jeune bonze Sanzang, ne se laissera pas, en dépit de la solitude, des difficultés, des milliers et milliers de li qu'il aura à parcourir, durant des années, détourner de sa mission, confiée par l'Empereur en personne : aller chercher les sutras sacrés du Bouddha du Grand Ouest, et les rapporter dans la capitale de l'Est, où règne le souverain. En gage de confiance, celui-ci a offert au moine une robe pourpre, une crosse et un bol en or, les seuls objets auxquels il a droit, afin de mendier son riz quotidien.
L'histoire se situe sous la dynastie T'ang (618-907), et elle a été racontée dans un roman, La pérégrination vers l'Ouest, l'un des quatre grands classiques de la littérature chinoise, lequel aurait été écrit par un certain Wu Cheng'en (1500-1582), qui vécut sous les Ming. Tous les spécialistes ne s'accordent d'ailleurs pas sur cette paternité, peu importe. Buart a repris cette histoire à son compte, mais en n'en racontant que les prémices : l'avant-roman, si l'on veut, les débuts du périple de Sanzang. Sa rencontre avec Yuxiang, le jeune marchand de céréales à qui il dit et chante les poèmes qu'il compose (Buart aussi, écrit des poèmes). Sa capture par des brigands, qui le dépouillent de ses biens, jusqu'à ce qu'il soit sauvé par la Bodhisattva Guanyin, divinité lunaire miraculeuse. Son arrivée dans un monastère où il est accueilli par les moines bouddhistes, dont le novice Shuoren, avec qui il devient ami, jusqu'à son départ pour le Mont des cinq éléments, lequel est en fait la paume de Bouddha. Là, il délivre (grâce à Guanyin) Sun Wukong, le grand Sage et grand singe, de la gangue de jade où il était enfermé depuis cinq cents ans. L'animal devient son protecteur, son disciple facétieux, et l'accompagnera désormais partout. Mais leur quête ne fait que commencer.
C'est très original, joliment écrit (un bémol vers la fin, quand le singe parle, qui fait un peu trop penser à Hanuman dansLe Livre de la jungleversion Disney). Un romancier français est né en Chine. Va-t-il se réadapter à notre monde ?
Le singe sous la montagne
Phébus
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 13 euros ; 128 p.
ISBN: 9782752911926