ÉCONOMIE

En ces temps difficiles, les retours ont tendance à exploser en fin d'année.- Photo OLIVIER DION

"D'habitude, à Noël, on laisse le stock courir, en prévision des ventes. Mais cette année, j'ai demandé que les retours se fassent jusqu'en décembre." Les propos de Frédéric Gugnalons, directeur de l'Espace culturel Leclerc de Quimper, résument bien la situation globale dans les librairies, où les retours accusent une nette tendance à la hausse. Un mouvement confirmé par Prisme, chez qui le flux retour affiche une augmentation de 6 % pour les 11 mois cumulés de 2011, les commandes restant stables. "La tendance est bien là, d'autant que 2010 avait déjà marqué une hausse de 9 % des retours. Et au vu de son ampleur, tous les canaux de distribution sont touchés », analyse Bouchaïb Moudakir, directeur de Prisme. Mais plus inédit encore, le prestataire logistique a enregistré un pic des retours en novembre, à + 29 %, pour un flux aller en recul de 15 %.

L'annonce surprise le 7 novembre par François Fillon de la hausse de la TVA explique en partie cette flambée. "Je retourne maintenant ce que d'habitude j'aurais renvoyé en janvier. Je diminue ainsi le temps que je risque de passer à modifier les prix", explique Dominique Lagarde, patronne de la librairie éponyme à Cahors. Toutefois, le calcul rapide entre le coût des retours, 3 % environ, et le point et demi perdu à cause de la hausse de la TVA incite beaucoup de professionnels à l'expectative.

Plus probable, le manque de trésorerie, conjugué à l'anticipation d'une fin d'année moins forte et d'un début 2012 plutôt mou, a incité les libraires à assainir leur stock plus tôt. Renaud Junillon, codirigeant de Lucioles, à Vienne, a fait partir des retours, écrémage de piles et invendus de la rentrée, jusque début décembre. "C'est nouveau pour nous, comme le fait que nous soyons en retours permanents alors qu'avant nous procédions par vagues tous les 2 à 3 mois." Une situation poussée à l'extrême chez Chapitre où les consignes imposées par la direction (voir encadré), à la chasse au cash selon les syndicats, sèment le désarroi chez les libraires. "Notre offre se retrouve insuffisante pour répondre aux demandes des clients. Ces mesures mettent en péril l'avenir des magasins », s'alarment les représentants syndicaux, qui craignent l'annonce prochaine d'un nouveau plan social.

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