La 10e édition du baromètre des relations auteurs-autrices/éditeurs-éditrices de la Scam et la SGDL est publié en exclusivité par Livres Hebdo qui accueille un débat ce mardi 8 avril, à 18h, à suivre en direct en vidéo.
Initié en 2009, le baromètre vise à objectiver les perceptions des professionnels du livre à travers une enquête bisannuelle. Le constat 2025 reste proche de celui des éditions précédentes, avec peu d'évolutions significatives sur les grands enjeux structurels, malgré le doublement des répondants (près de 1 800 cette année) par rapport à 2023.
Des contrats toujours complexes
Près de 20 % des auteurs estiment que leurs contrats papier sont très rarement ou jamais clairs et explicites, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2023. Cette perception grimpe à 41 % pour les droits numériques (contre 37 % en 2023) et à 51 % pour les droits dérivés (45 % en 2023). L’analyse juridique reste donc nécessaire pour beaucoup : 42 % des auteurs font appel à un avis extérieur pour comprendre leurs contrats.
Une rémunération toujours trop faible
Le taux de rémunération médian pour le livre papier reste fixé à 8 %, et à 7 % pour l'exploitation numérique. La précarité ne recule pas : 19 % des auteurs perçoivent moins de 5 % de droits pour le livre papier, un chiffre inchangé depuis 2009. Cette situation est très contrastée selon les genres : seuls 8 % des auteurs de littérature générale sont concernés, contre 47 % pour les auteurs d’albums jeunesse.
Sur la question de l'à-valoir, les données révèlent une légère amélioration : 25 % des auteurs ne perçoivent toujours aucun à-valoir, contre 34 % en 2009. Toutefois, 68 % se voient proposer un montant inférieur à 3 000 euros dans leur dernier contrat, un chiffre stable depuis 2009.
Reddition des comptes et paiements : des pratiques encore défaillantes
Malgré les alertes récurrentes, 14 % des auteurs n’ont toujours aucune reddition de comptes, contre 16 % en 2009. Et quand ils en reçoivent une, 23 % la jugent incompréhensible et 28 % la trouvent incomplète. Même si ces chiffres se sont améliorés depuis 2009 (où ils atteignaient respectivement 44 % et 53 %), ils restent très préoccupants.
Autre donnée notable : pour 18 % des auteurs, la reddition des comptes n’est jamais accompagnée du paiement des droits dus, soit une hausse de 3 points par rapport à 2009.
Des tensions dans la collaboration
La qualité de la relation avec l’éditeur s’est dégradée pour 31 % des auteurs au cours des trois dernières années. Plus de la moitié (52 %) se déclarent favorables à la mise en place d’une commission de médiation entre auteurs et éditeurs. Le taux de satisfaction reste plus élevé en amont (contrat, création) qu’en aval (promotion, reddition, paiement).
Le livre d’occasion, source d'inquiétude
Avec 20 % des livres achetés en 2022 issus du marché de l’occasion, cette tendance inquiète les auteurs, d’autant que 18 % ont constaté la revente de leur ouvrage le jour même de sa parution. Ce segment du marché ne génère aucun revenu pour les créateurs, ce qui relance l’idée d’un droit de suite comparable à celui de l’art contemporain.
Toutes ces constats nourrissent le débat entre auteurs et éditeurs, dont un volet se tient ce mardi 8 avril, à l’occasion de la publication de ce baromètre, sur Livres Hebdo.