22 SEPTEMBRE - ROMAN Japon

La lecture de Disparitions (éditions du Rocher 2002, repris en 10/18) avait permis de plonger dans l'univers trouble de la Japonaise Natsuo Kirino. Laquelle a continué d'impressionner avec Out ou Monstrueux (disponibles en Points). Deux livres curieusement parus au Seuil dans une collection de thrillers, alors que l'oeuvre de l'écrivaine n'a pas grand-chose à voir avec le genre.

Intrusion, son nouvel opus, est une nouvelle réussite. On suivra ici les interrogations d'une écrivaine, Tamaki Suzuki. Laquelle a commencé un roman, intitulé Inassouvi, dont le thème est la suppression de l'être aimé. "La suppression, pas la mort. Supprimer, c'est-à-dire couper tout lien avec l'autre pour des motifs personnels, et, par mépris, abandon ou fuite, anéantir son coeur", nous est-il précisé. Cette femme, qui fait des rêves où apparaissent des âmes errantes, a eu une histoire forte avec son directeur littéraire, Seiji Abé.

Une liaison terminée dans la douleur, et non sans dommages collatéraux. Les anciens amants se sont revus, mais Abé refuse désormais de lire les livres de Suzuki. Une Suzuki dont le travail en cours semble en panne. Pour Inassouvi, elle a choisi d'emprunter son héroïne à celui d'un roman "rédigé avec la franchise d'une autofiction" par un grand maître, Mikio Midorikawa, et paru en 1973. Dans Innocent, Midorikawa dépeint une liaison dangereuse qui fit vaciller son mariage.

Tamaki Suzuki se met en quête du modèle de la maîtresse. Elle tombe d'abord sur une retraitée âgée de 64 ans qui lui explique avoir vécu sa jeunesse avec le rockabilly, Elvis Presley et Allen Ginsberg. "Mocha", Midorikawa l'a aimée follement quand elle avait 10 ans et lui 32, qu'il rêvait qu'elle ne grandisse jamais... Vertigineux et dérangeant, Intrusion traite admirablement de la folie qui peut parfois s'immiscer dans le désir, l'amour et la création littéraire.

Les dernières
actualités