Polémique

L’éditeur de bande dessinées Les Humanoïdes Associés s’est exprimé, vendredi 5 juillet, en faveur d’un dédommagement pour les auteurs en dédicace. "Les dédicaces de livres sont un outil de promotion des livres, qui exige du temps et de l’énergie, écrit la maison fondée par Moebius dans un communiqué. [Il s’agit] d’un vrai travail, qui a lieu très souvent en soirée ou en week-end [et] nécessite des déplacements." L’éditeur rappelle que, depuis 2018, il alloue à ses auteurs une indemnité forfaitaire de 100€ par journée de festival.
 
Cette prise de parole fait suite à une polémique déclenchée par les propos de Jacques Glénat, P-dg de Glénat, aux Rencontres nationales de la librairie qui se sont déroulées à Marseille les 30 juin et 1er juillet. "L’auteur qui fait une conférence, cela me paraît normal qu’il soit rémunéré. Mais celui qui vient faire la promotion de son livre, rencontrer des gens, je ne vois pas pourquoi on le payerait, c'est déjà une opportunité. Qu'on soit payé pour signer un livre, je trouve cela presque contre-nature", a déclaré l’éditeur lors d’une table ronde consacrée aux 50 ans de Glénat.
 
Ces déclarations ont rouvert la blessure à peine cicatrisée du salon Livre Paris 2018 lors duquel les auteurs ont créé le mot-dièse #PayeTonAuteur pour réclamer que leur temps de présence, conférence ou dédicace, soit rémunéré. Bien qu’ils aient obtenu gain de cause, la question de la généralisation de la pratique restait à trancher. A coup de dessins, témoignages et tribunes, les auteurs ont communiqué ces derniers jours leur déception, voire leur colère, à l’égard des propos de Jacques Glénat.
  "Les éditeurs majeurs n'ont aucune excuse"

Pour Samantha Bailly, présidente de la Ligue des auteurs professionnels, l’éditeur de BD est "ouvertement pour le travail gratuit des auteurs et autrices". Et d’ajouter : "il faut que les pouvoirs publics interviennent et fixent des règles. Les créateurs et créatrices méritent d’être traités dignement". Sur Twitter, plusieurs écrivains renvoient vers les préconisations de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse qui est parvenue à faire appliquer des tarifs de rémunération pour les interventions de ses adhérents.
 
"Pendant longtemps, les auteurs ont accepté de jouer le jeu de la promotion bénévole, et toute la chaîne du livre en a profité. Mais aujourd'hui nombre d’entre eux réclament une rémunération des dédicaces, et il est naturel que les éditeurs, maillon en charge de la diffusion des livres, participent à la rémunération de ce travail. Si certaines petites structures n'en ont pas les moyens, cela peut s’entendre, mais les éditeurs majeurs de ce marché […] n'ont aucune excuse pour se dérober", affirment Les Humanoïdes associés dans leur communiqué.
 
"Les créateurs ne doivent pas être en situation de précarité"
 
Hasard du calendrier, jeudi, au plus fort de la polémique, le ministre de la Culture Franck Riester a promis de "mettre les artistes au cœur des préoccupations" de l’Etat dans une interview au Monde. "L’accès à la culture, la démocratisation, c’est très bien et c’est une priorité mais si, derrière, il n’y a plus d’artistes pour créer et transmettre, ça perd tout son sens, a déclaré le successeur de Françoise Nyssen. Les créateurs et les artistes ne doivent pas être dans une situation de précarité comme certains le sont aujourd’hui. Par exemple, les auteurs de BD sont souvent dans une situation sociale catastrophique, voire d’indignité pour certains. Ce n’est pas acceptable."
   

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