« Il y a des gens qui disent. » Ce gimmick, vous l’avez peut-être déjà entendu sur Instagram ou TikTok. Avec sa voix posée et son allure mi-dandy, mi-rappeur US, la nouvelle coqueluche des réseaux sociaux littéraires Ramsès Parent s'empare de phrases du quotidien qu'il restitue à travers des citations de grands auteurs.
Sa recette ? Un savoureux mélange entre littérature et codes adaptés aux algorithmes. De quoi booster son audience. En à peine un an et demi, le jeune homme de 22 ans cumule plus de 140 000 abonnés et génère jusqu’à 2,4 millions de vues par post. Pas assez, pour autant, pour faire tourner la tête de ce Nordiste originaire de la petite ville d'Estaires, à 30 km à l'ouest de Lille, qui se voit dans quelques années professeur d’une littérature libre et passionnée.
« J’ai envie de montrer une autre manière de faire, que le livre soit l’occasion d’une rencontre, d’une discussion, avance Ramsès Parent. Car, la littérature, c’est tellement plus que ce qu’on peut nous donner en cours aujourd’hui ». C’est d’ailleurs pour partager cet amour dévorant pour les mots qu’il s’est lancé sur les réseaux.
La Belle au bois dormant
Arrivé en France à l’âge de 10 ans, Ramsès Parent a réappris la langue grâce aux contes. Enfant, il s'endort la tête pleine des histoires de La Belle au bois dormant ou des Fables de la Fontaine... avant de faire une rencontre déterminante à la fin de son adolescence. « Au Lycée, je n’avais pas d’attrait particulier pour les formes classiques. Je lisais plutôt de la BD, du manga… quand un jour, notre professeure de français a apporté plein de livres et a dit qu’on pouvait se servir, se souvient-il. En fouillant, je suis tombé sur Le Parfum de Patrick Süskind. Je n’ai pas pu le lâcher de la nuit. C’est là que je me suis rendu compte que les mots sont vraiment puissants ».
Comme une évidence, Ramsès Parent devient lecteur compulsif. D’Orwell à Camus en passant par Renée Vivien, il dévore tout et surtout aiguise son esprit critique. « Mon objectif, ce n’est pas de devenir influenceur, c’est d’être prof. Donc je ne me gêne pas pour dire quand je n’aime pas ! », lâche-t-il dans un éclat de rire. D’Instagram à critique littéraire, il n’y a qu’un pas.
