15 MAI - ROMAN Canada

On avait perdu la trace de Madeleine Thien. Une écrivaine canadienne d'origine chinoise de Malaisie dont la "Bibliothèque étrangère" du Mercure de France avait fait paraître en 2004 un premier recueil de nouvelles plus que prometteur : Une recette toute simple. La revoilà enfin en librairie avec un roman très réussi, Lâcher les chiens.

Madeleine Thien- Photo RAWI HAGE/MERCURE DE FRANCE

Le docteur Hiroji Matsui, du Centre de recherche sur le cerveau de Montréal, a disparu. En laissant derrière lui son permis de conduire, ses cartes bancaires, de l'argent liquide. Il travaillait avec Janie. Cette femme, chargée de "recueillir des cellules, assembler des données, mesurer l'électricité", a un fils de 7 ans, Kiri, et un mari, Navin, qu'elle a quittés. Janie habite désormais dans l'appartement vide d'Hiroji, avec la chatte Taka l'ancienne.

Le lecteur découvre un personnage meurtri qui a quitté le Cambodge à l'âge de 12 ans et n'y est jamais retourné. A Vancouver, sa mère adoptive était une universitaire écrivant sur l'histoire des sciences et son père adoptif était en mission au Népal pour le compte de l'Unicef. Peu à peu, les souvenirs remontent. Ceux de la guerre, de l'arrivée des Khmers rouges, d'une mère, d'un frère et d'un père traducteur qui soignait sa tristesse à coups de Valium. Un père, obligé de quitter Phnom-Penh avec les siens, que l'Angkar a emmené...

Madeleine Thien >fait ici preuve d'une rare empathie pour rouvrir une page terrible de l'Histoire. Lâcher les chiens se lit comme une poignante réflexion sur la mémoire enfouie, les blessures jamais vraiment refermées, le besoin d'affronter son passé.

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