Dans les débats entre science et foi, on pense rarement à la géographie. Dans un essai vif et précis, Bertrand Lemartinel fait le tour de la question. Professeur de géographie à l'université de Perpignan Via-Domitia, et à l'image d'Yves Lacoste qui a montré combien la géographie peut être manipulée par le politique, Bertrand Lemartinel fait la même démonstration avec la religion. Jusqu'alors, les intégristes de toutes obédiences insistaient sur la biologie et la géologie. La géographie fait désormais partie de leur liste.
De la création de la Terre à l'Apocalypse, le géographe reprend cette histoire faite de pas mal de bruit et encore plus de fureur. On y croise les fondamentalistes chrétiens, juifs et musulmans qui considèrent que la Terre a 6 000 ans, que la mer Rouge s'est bien ouverte, que les frontières du Grand Israël sont désignées dans la Bible ou que le jardin biblique se trouve en Amérique... pour les mormons ! Elucubrations que tout cela ? Oui, mais elles inquiètent l'enseignant.
Dans un discours célèbre, Jean-Paul II avait pourtant bien expliqué que Dieu n'avait pas besoin de preuves scientifiques. Sauf que, pour vaincre le doute, les fondamentalistes s'attachent à une lecture littérale des textes religieux pour unifier le monde sous leur bannière. Au passage, Bertrand Lemartinel pointe le fondamentalisme vert de certains écologistes qui divinisent la nature avec l'idée que l'homme détruit le paradis originel et mérite donc le châtiment du réchauffement climatique...
A l'heure où l'on parle d'un retour de l'enseignement de la morale laïque à l'école, il serait bon de lui adjoindre quelques petites mises au point pour lutter contre l'obscurantisme et le prêt-à-penser. Sur ces sujets, le livre de Bertrand Lemartinel tombe à pic.