Cambourakis et la traductrice Céline Leroy ont permis l’année dernière de découvrir un excellent écrivain américain disparu en 1995. Sale temps pour les braves, repris en 10/18, révélait le talent de romancier de Don Carpenter, un ancien professeur et scénariste qui a été ami avec Richard Brautigan. On le retrouve avec La promo 49, paru dix ans avant sa mort, un opus à la tonalité différente.

Nous voici à Portland, face à une série de garçons et de filles de la même génération. Judson Baker, qui parle de s’engager dans la marine, et ses camarades Clyde Marriman, Maloney et Tommy German vendent des sapins de Noël sur le parking vide qui jouxte la maison de Nancy Farr. Celle-ci est la petite amie de Clyde. Un type « populaire, avec un corps mince et de grandes dents », qui n’avait sans doute pas prévu que la demoiselle tombe enceinte après leur premier rapport, et qu’il doive l’épouser.

Tommy German, lui, est amoureux d’Anne Tressman, la blonde qui est sa partenaire pour les expériences et les observations en cours de biologie. Il va se retrouver avec la mâchoire cassée et ligaturée après une bagarre avec Ted Winter. Il faut dire que Ted a vu d’un assez mauvais œil que sa fiancée Sissy ait accepté un rendez-vous avec lui.

Président des délégués de classe, Mike a un frère cadet sur le compte duquel circulent de vilaines rumeurs. Quant à Janet Satterlee, sa mère n’a qu’une idée en tête : qu’elle devienne la Reine à la fête de la Rise. Voici aussi Lew Heller dont le jet, après une soirée à boire de la bière, « pouvait frôler les quatre mètres ». Ce qui lui permet d’ailleurs de gagner pas mal de tournées gratuites.

A mesure qu’il croise les histoires et les personnages, Don Carpenter s’intéresse au décalage, à la fissure. Ses protagonistes sont tous à la lisière d’une vie nouvelle, du monde des adultes. Drôle, mélancolique et parfaitement agencé, La promo 49 confirme tout le bien que l’on pouvait penser de Carpenter après Sale temps pour les braves. Al. F.