La France compte 15 500 bibliothèques et points de lecture. Mais encore des zones blanches, parfois sur le déclin. Ces 25, 26 et 27 septembre, 176 professionnels représentant 54 bibliothèques départementales (BD) sont réunis à Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) pour les journées d’étude annuelles de leur association, l'ABD, autour du thème de la lutte contre la désertification.
« Des bibliothèques ferment car il n’y a plus de bénévoles — notamment depuis le Covid. Ou parce qu’elles n’ont plus assez d’activités suite à la fermeture de l’école, faute d’enfants dans le village », témoigne Jean-Rodolphe Turlin, à la tête de la BD d’Eure-et-Loire. Les bibliothèques départementales peuvent aider à structurer et à financer des projets, mais elles-mêmes peuvent manquer de moyens financiers ou humains — plusieurs cherchent leur directrice ou directeur.
Fidéliser et mutualiser
A leur niveau, que peuvent faire les BD pour redynamiser ces territoires ? L’un des leviers : la fidélisation des bénévoles, (voir LH le Magazine n°26 de novembre 2022). « Il y a 50 000 bénévoles en dans les bibliothèques françaises, bien plus que les tutélaires !», rappelle Valérie Travier, cheffe de la lecture publique au ministère. A son échelle, elle travaille à développer les contrats départementaux de lecture, qui aident par exemple les bibliothèques départementales à recruter des coordinateurs de réseaux. « On vise l’exhaustivité des départements », ambitionne-t-elle. Ce qui suppose de convaincre ceux qui n’ont pas de bibliothèque de cette échelle à en avoir une…
Un autre levier : mener des projets avec les autres services départementaux. « Si les bibliothèques forment des agents départementaux du champ médico-social au portage de livres à domicile par exemple, cela permet de démultiplier ce service », illustre Valérie Travier. Le Val-d’Oise envisage ainsi de déménager dans le même bâtiment que la maison des solidarités. « Ce sera l’occasion de mener des actions avec les professionnels de l’enfance, de créer une politique de manière concertée », se réjouit la directrice de la BD Laurence Favreau. L’Alsace a de son côté réorganisé le travail de ses agents, et des postes sont désormais entièrement dégagés pour faire de la médiation auprès des bibliothécaires de tout le département. Le chantier est aussi d’aider à structurer les établissements de toute taille en réseaux, pour qu’ils mutualisent leurs moyens.
Ce lundi, il a aussi été question d’ateliers de coconstruction avec les habitants pour les impliquer dans la vie de leur médiathèque « Créer une communauté d’acteurs en sortant des espaces institutionnels habituels », avance le sociologue Raphaël Besson, cofondateur de « Lucas », un laboratoire qui repense la fabrique des politiques culturelles. Un bibliothécaire commentera plus tard : « Ce sont toujours les mêmes associations qui s’engagent, et monopolisent un peu les ateliers participatifs… ».