Conflit

Les auteurs de « Mortelle Adèle » accusent Bayard Jeunesse de « tromper le lecteur »

Les auteurs de "Mortelle Adèle" dénoncent les agissements de leur ancien éditeur Bayard Jeunesse - Photo @antoinedole

Les auteurs de « Mortelle Adèle » accusent Bayard Jeunesse de « tromper le lecteur »

Antoine Dole et Diane Le Feyer, co-auteurs du phénomène jeunesse Mortelle Adèle, accusent leur ancien éditeur Bayard Jeunesse de trahir leur confiance et de « tromper le lecteur » en continuant d’exploiter leur création sans leur autorisation.

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Par Élodie Carreira
Créé le 28.01.2025 à 19h17

« Depuis 4 ans, nous exprimons notre souffrance et notre douleur face à des comportements qu’aucun créateur ne devrait subir de la part d’une maison d’édition à qui il a, en confiance, confié le fruit de son travail ». C’est en ces termes que s’est exprimé Antoine Dole, co-auteur avec Diane Le Feyer de la BD jeunesse à succès Mortelle Adèle, dans une longue déclaration publiée sur son compte Instagram.

« Je me désolidarise des choix de Bayard Editions, de leurs opérations commerciales et publication, notamment celles prévues dans les prochains mois et qui consistent à présenter des ouvrages des séries Mortelle Adèle et Ajax, sortis il y a plusieurs années, comme des nouveautés », a-t-il ajouté. Pour le scénariste, cette manœuvre « trompe le consommateur » et « trahit le contrat de confiance par lequel nous, auteurs, avons confié nos droits, notre œuvre, et pour ma part une partie de mon intimité, à cette maison d’édition. »

« Je suis traité comme un auteur mort »

En 2022, Antoine Dole (aussi appelé Mr Tan) et la dessinatrice Diane Le Feyer, avaient décidé de fonder leur propre maison d’édition, Mr Tan & Co, pour poursuivre la publication de la suite des aventures de leur personnage Mortelle Adèle. Une décision pour laquelle le scénariste se sent désormais sanctionné : « Je suis puni d’avoir voulu reprendre ma liberté. Avant, mon avis était respecté. Désormais, je suis traité comme un auteur mort qui n’a plus son mot à dire, qui n’est plus consulté ».

Antoine Dole, qui dit aujourd’hui « envisager de poser [le] crayon », dénonce notamment la « brutalité » de traitement de la maison et son exploitation toujours active des œuvres. L’artiste se dit également opposé à certaines des décisions de Bayard, parmi lesquels « des changements de prix qui pénalisent les lecteurs » et « des changements de format qui perdent les libraires ».

Des « allégations infondées »

De la même façon, Diane Le Feyer a également tenu à « se dresser contre le silence qu’on nous intime ». Elle a, à son tour, accusé les éditions Bayard de « multiplier les violences morales et artistiques à notre égard » et a évoqué « le niveau de mensonge et d’hypocrisie qui nous entourait », lorsqu’elle et son partenaire d’écriture faisaient encore partie du catalogue de la maison.

« Je ne supporte plus cet irrespect. Je ne supporte plus que mon travail (qui contribue à permettre qu’en 2024, 40% du chiffre d’affaires de Bayard Editions soit dû à Mortelle Adèle) soit traité avec autant de violence et de mépris », a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué, Bayard Jeunesse a tenu à réfuter et condamne « ces allégations infondées », ajoutant que celles-ci « nous choquent profondément et sont à l’opposé de nos façons de travailler ». La maison d'édition a assuré avoir « toujours respecté » les accords conclus avec les fondateurs de Mortelle Adèle, concluant que « Mortelle Adèle est une série unique qui compte dans la vie des enfants. Hier comme aujourd’hui, nous souhaitons maintenir un dialogue apaisé et constructif avec ses auteurs ».

Quant au groupe Editis, qui assure la diffusion et la distribution de Mr Tan & Co via Interforum, il a pour sa part tenu à exprimer « son plein soutien » aux deux auteurs dans un communiqué, ajoutant qu’il reste « pleinement engagé aux côtés de Mr Tan & Co pour continuer de faire vivre Mortelle Adèle et son univers auprès des libraires et de ses jeunes lecteurs. »

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