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Les 6 visages de Mister H.

Michel Houllebecq chez lui, 2014. - Photo Philippe Matsas/Flammarion

Les 6 visages de Mister H.

A la fois rock star, provocateur, bankable, prophète, poète et planétaire, Michel Houellebecq s'impose plus que jamais comme un auteur hors norme à l'occasion de la parution le 4 janvier de son nouveau roman, Sérotonine, chez Flammarion. _ par Pauline Leduc

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Par Pauline Leduc, Sean James Rose
Créé le 04.01.2019 à 11h00

Le 12 décembre au soir. Un Carrefour Market du 20e à Paris. « C'est le nouveau Houellebecq, il est déjà paru ? » demande mon voisin de caisse en louchant sur les épreuves de Sérotonine, négligemment posées sur le tapis roulant. Comme ma voisine de bus, une demi-heure plus tôt, il a « carrément aimé » Soumission et a hâte de lire le nouveau. « Ça va encore faire parler », professe-t-il, l'air réjoui.

Il n'aura pas à attendre longtemps. Deux jours après, l'acide déclaration d'amour de l'écrivain (censé être, selon son attachée de presse, en « retraite médiatique totale ») à Donald Trump dans le prestigieux mensuel américain Harper's Magazine nourrit les colonnes des médias à travers le monde et fait remonter son nom dans les dix sujets les plus débattus sur Twitter. Michel Houellebecq est de retour. Et c'est peu dire qu'il est attendu, quatre ans après Soumission - plus de 800 000 exemplaires écoulés en français - et une polémique internationale conjuguée à une actualité dramatique. Il est érigé en antihéros national par le Premier ministre de l'époque, Manuel Valls, qui clame le 8 janvier 2015 : « La France, ce n'est pas Houellebecq. »

La maison d'édition de l'enfant terrible des lettres françaises, Flammarion, le sait, qui a prévu un tirage historique de 320 000 exemplaires. Evidemment, nul besoin de publicité pour le poids lourd de la rentrée d'hiver autour duquel son staff organise une aimable mais ferme muraille : ils ne diront rien sur Michel Houellebecq.

A la fois reconnu par ses pairs, qui l'ont couronné du Goncourt, et poète devenu vendeur de best-sellers, ce grand auteur populaire reste depuis vingt-cinq ans un mystère. « Il est, littérairement, l'auteur le plus marquant de notre époque : dès Les particules élémentaires, il a renouvelé la scène littéraire française en réaffirmant avec talent que le roman était la meilleure façon de dire une époque », estime l'ancien P-DG de Flammarion, Gilles Haéri, actuel P-DG d'Albin Michel. Mais ce phénomène s'appuie aussi sur le caractère protéiforme d'un personnage qui ne s'est jamais laissé, littérairement ou politiquement, assigner à résidence.

« Sérotonine » : extension du domaine de la chute

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La sérotonine, qui donne son titre au nouveau roman de Michel Houellebecq, lancé le 4 janvier, est un neurotransmetteur qui dope l'estime de soi. A 46 ans, Florent-Claude, dit Florent tout court, est sans ambition. Il prend des antidépresseurs libérant à foison cette hormone censée le booster. Le médicament a pour effet secondaire de rendre impuissant. Après avoir établi le diagnostic de son couple « en phase terminale », Florent quitte Yuzu, sa petite amie japonaise de vingt ans sa cadette : elle le trompait dans des partouzes avec de jeunes gens et même avec des chiens. Le narrateur de Sérotonine part sans un mot d'explication. L'expert en agroalimentaire tourne le dos à une carrière où il ne s'était jamais investi : « Les filles sont des putes si on veut, on peut le voir de cette manière, mais la vie professionnelle est une pute bien plus considérable, et qui ne vous donne aucun plaisir. » Impuissant désormais, il renonce au sexe, et s'il le pouvait au reste de son anatomie : « J'aurais aimé en réalité ne plus avoir de corps. »

La suite est une pérégrination existentielle. Le héros revisite ses souvenirs, comme celui de Kate, une Danoise qui avait troqué son job d'avocat d'affaires contre une mission humanitaire, le grand amour de sa vie qu'il a trahi. Il revoit pour de vrai parfois d'anciennes flammes, telle Claire l'actrice hitchcockienne, longtemps cantonnée aux rôles d'égérie intello alors qu'elle eût préféré figurer sur l'affiche de nanars, et aujourd'hui employée par Pôle emploi pour enseigner l'art dramatique aux chômeurs. Il se rend dans l'exploitation de son vieux camarade de l'« Agro », son « seul meilleur ami », un aristocrate ruiné, Aymeric d'Harcourt-Olonde, acculé aux plus funestes extrémités à cause de la mondialisation, dont Florent a si longtemps été le suppôt au ministère de l'Agriculture. Le narrateur est lui-même traversé de pulsions meurtrières.

Après Soumission, Houellebecq se fait à nouveau sismographe du contemporain - le désarroi d'Aymeric fait étrangement écho à la crise des « gilets jaunes ». L'auteur signe ici une « Extension du domaine de la chute ». Il radicalise ses théories pessimistes, illustrant à travers ses personnages déchus sa détestation du néolibéralisme, de l'infantilisme consumériste, de l'hypocrite coolitude. Mais Houellebecq veut aussi croire à la bonté et aux dons des larmes. Alors la rédemption possible ? Oui, façon gnostiques, ces hérétiques qui pensaient : dans le corps, point de salut.

Sean J. Rose

Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion. 22 €, 352 p. Tirage : 320 000 exemplaires. EAN : 978208147157. Sortie : 4 janvier.

1. Rock star

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Qui peut convier à son mariage Carla Bruni, organiser une conférence de presse dans un supermarché Casino, s'improviser chanteur, puis acteur à succès, exposer les jouets de son chien au palais de Tokyo, rendre hype son physique de « vieille tortue malade », avoir deux dates de naissance, faire les choux gras de la presse people ou retarder le 20 heures le temps de lire un poème ? Une star, assurément. Michel Houellebecq, en l'occurrence.

« Il peut tout se permettre », assurait à son sujet Pierre Assouline en 2015 sur RTL. En vingt ans, celui que Philippe Lançon dépeint dans Libération en « dandy réac, moraliste et vintage », s'est imposé comme une icône dont l'aura dépasse le milieu littéraire. A la fin des années 1990, des milliers de lecteurs se prennent de passion pour ses romans qui dissèquent les vices de l'époque, et ne tardent pas à découvrir un écrivain aussi explosif que ses histoires. A coups d'alcool, de propos crus et de provocs, naît le mythe de l'auteur infréquentable et dépressif, à l'humour corrosif, charriant un parfum de scandale qui séduit ou repousse, mais fascine toujours. La ferveur populaire grossit à mesure que les « affaires Houellebecq » se succèdent et que l'auteur s'improvise chanteur, acteur et muse d'Iggy Pop. Son image se décline sur des mugs et des tee-shirts, il s'impose à l'étranger comme l'Auteur français, suscite des biographies interdites, donne naissance à un adjectif, tandis que ses silences sont décryptés et que son retour, après un exil à l'étranger, donne lieu à une dépêche AFP.

A rebours d'une société qui valorise le bien-être, la réussite, la beauté et le politiquement correct, Michel Houellebecq cultive sa difficulté d'être, affiche son visage - enfantin ou sénile selon les jours - en une des Inrockuptibles comme de Valeurs actuelles, revendique des aspirations « définitivement classe moyenne », balade son éternelle parka et son sac Monoprix dans les hôtels Citadines et les dîners mondains. « C'est l'homme le plus rock que j'ai croisé ces dix dernières années ; libre, bizarre, seul dans sa catégorie », jugeait le chanteur Jean-Louis Aubert. P. L.

2. Provocateur

La récente déclaration d'amour de Michel Houellebecq à Donald Trump n'a pas surpris grand-monde. Les médias français et étrangers ont repris en chœur l'information, rappelant que l'auteur n'en était pas à une polémique près. Les réseaux sociaux ont bruissé de l'affaire, tandis que pro et anti-Houellebecq s'écharpaient sur les différents degrés de lecture des déclarations de l'enfant terrible des lettres françaises.

Ce scénario sous-tend, depuis vingt ans, presque chaque parution de ce maître de l'ambiguïté. Jusqu'alors, cependant, les polémiques prenaient racine dans ses romans, accusés d'être misogynes, racistes ou islamophobes, avant de se cristalliser autour des propos publics de l'auteur. Corrosifs, crus et sexuels, ses romans reposent sur l'absence totale de jugement de la part du narrateur, qui semble donc corroborer ceux de son personnage, tandis que la présence de nombreux « doubles » de Houellebecq - même nom, penchants ou formation - finit de brouiller les cartes.

Depuis la parution des Particules élémentaires en 1998, d'aucuns tentent de discerner la frontière qui sépare les points de vue de l'auteur et ceux du narrateur. Cette année-là, faute de réponse satisfaisante sur ses orientations politiques, les membres de la revue Perpendiculaire l'excluent tandis que Le Figaro littéraire fustige « Les nouveaux inquisiteurs de la littérature ». Trois ans après, dans une interview à Lire accordée pour la sortie de Plateforme, l'auteur explique que « la religion la plus con c'est quand même l'islam », pour laquelle il ressent de « la haine ». Ces propos lui vaudront un procès pour « injure raciale et incitation à la haine religieuse », à l'issue duquel il est relaxé en 2002 tandis que la parution de Soumission accentuera, presque quinze ans après, les accusations d'islamophobie. « Je ne sais pas si c'est une bonne chose de choquer... En tout cas, c'est une source d'emmerdements », déclarait-il avec perspicacité en 2001 dans un entretien... au magazine Lire. P. L.

3. Bankable

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Avec plus 600 000 exemplaires de Soumission (Flammarion, 2015) en grand format, Michel Houellebecq détrône le roi des meilleures ventes, Marc Levy, dont le Elle et lui atteint 390 000 exemplaires à la même période (GFK). Si ce dernier reprend l'avantage en poche, la parution de Sérotonine devrait faire redémarrer les ventes en petit format. J'ai lu s'y est d'ailleurs préparé en réimprimant son fonds à 100 000 exemplaires comprenant une version luxe de La carte et le territoire (2 janvier), Goncourt 2010 vendu à plus de 760 000 exemplaires contre environ 500 000 pour l'Interallié 2005, La possibilité d'une île (Fayard). Au final, près de 2 millions d'exemplaires de ses trois derniers romans se sont écoulés dans les différents circuits de vente, sans compter les ventes à l'étranger, où Houellebecq fait un tabac (voir p. 30), témoignant de la diversité de son lectorat. Même sa poésie suscite l'engouement des lecteurs, avec 20 000 exemplaires écoulés de Configuration du dernier rivage (2013).

On est bien loin du succès d'estime qu'avait connu l'auteur chez Maurice Nadeau pour son premier roman, Extension du domaine de la lutte. Depuis, la stratégie promotionnelle de ses éditeurs, Flammarion et Fayard, le matraquage médiatique comme les polémiques ont fait soupçonner que le succès de l'auteur était un phénomène plus marketing que littéraire.

Dénoncé comme une entrée des mœurs footballistiques dans la sphère littéraire, son transfert de Flammarion à Fayard en 2005, négocié, selon les rumeurs, à 1,5 million d'euros par son agent François Samuelson (Intertalent), fait d'autant plus scandale que l'auteur se prête à une mise en scène sidérante. A l'occasion d'un séminaire d'entreprise, Arnaud Lagardère brandit sur scène « son » nouvel auteur qui, prenant le micro, dit simplement : « Je suis content, j'aime les grands groupes. » P. L.

4. Prophète

« Je ne suis pas un prophète, je ne l'ai jamais été mais j'ai gardé de ma longue fréquentation de la science-fiction le goût de lancer des hypothèses », expliquait Michel Houellebecq à Catherine Millet et Jacques Henric (Art press) en 2010. Si l'image d'auteur prophétique, qu'il réfute, colle à la peau de l'écrivain, c'est que les hypothèses avancées dans ses romans ont pu devancer la réalité. Tout commence avec Plateforme. Ce roman qui se clôt sur un attentat islamiste, paraît quelques jours avant ceux du 11 septembre 2001 et précède d'un an celui de Bali dont les circonstances rappellent terriblement le scénario du livre. Sa réputation d'auteur extralucide atteint son apogée en 2015 avec Soumission. Le roman d'anticipation dépeignant une France islamisée, paraît le 7 janvier, jour de la tuerie de Charlie Hebdo qui affichait en une une caricature de Luz intitulée « Les prophéties du mage Houellebecq » : « En 2015 je perds mes dents, en 2022, je fais Ramadan. »

Au-delà de ces coïncidences, qui participent à l'élaboration du « mythe Houellebecq », l'auteur a, comme il le confiait en 2001 à Josyane Savigneau (Le Monde), « une espèce de flair de cochon pour déceler ce qui va faire mal à la société ». Cette capacité à tourner sa plume dans les plaies de notre époque - la solitude contemporaine face à l'ultralibéralisme, l'aliénation face à la liberté, le spleen des classes moyennes... - fait de lui cet auteur si populaire... et controversé. Certains craignent le miroir tendu par l'auteur, comme Michel Onfray, désormais rallié à la cause houellebecquienne. Le philosophe déplore « avoir commis l'erreur » de ne pas aimer l'écrivain parce qu'il n'aimait « pas l'époque qu'il révélait » (Cahier de L'Herne, 2017) et définit l'auteur comme un « sismographe ». D'autres le rejettent, tel Jérôme Dupuis qui écrivait en 2015 à propos de Soumission : « La politique-fiction de Michel Houellebecq n'est en rien une œuvre visionnaire, tout juste une succession de fausses provocations » (L'Express). P. L.

5. Poète

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Devant le succès du romancier, on a tendance à oublier que Michel Houellebecq est aussi, et peut-être d'abord, un poète. « La poésie est fondatrice chez lui, c'est par là que tout a commencé », rappelle la chercheuse Agathe Novak-Lechevalier. « Les poèmes parlent tout seuls... On m'y voit plus que dans les romans », confiait l'auteur lui-même en 2013 au micro de Sophie Nauleau sur France Culture, peu avant la parution de son dernier recueil de poésie, Configuration du dernier rivage (Flammarion). C'est dans La Nouvelle Revue de Paris, dirigée par Michel Bulteau au Rocher, que l'écrivain publie ses premiers vers en 1985. Son recueil Rester vivant (La Différence, 1991), qui paraît la même année que son essai consacré à H. P. Lovecraft (Rocher), suscitera l'attention de quelques critiques comme Jérôme Leroy, qui écrit dans Le Quotidien de Paris : « Précision, lucidité et émotion font de Rester vivant un véritable vade-mecum de la sensibilité contemporaine. » La reconnaissance viendra avec La poursuite du bonheur (La Différence, 1992), qui obtient le prix Tristan-Tzara, et Le sens du combat (Flammarion, 1996), couronné par le prix de Flore.

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Michel Houellebecq fait de ses poèmes des lectures sur scène, accompagné notamment par Jean-Jacques Birgé. Il se produira même à l'Olympia en novembre 2000 à l'occasion d'une tournée française pour son album Présence humaine, dans lequel il chante certains de ses textes sur une musique de Bertrand Burgalat, le fondateur du label Tricatel. C'est donc sa poésie qui propulse Michel Houellebecq en rock star désillusionnée, d'autant qu'il sera la muse d'Iggy Pop pour son album Préliminaire (2009) et celle de Jean-Louis Aubert dans Aubert chante Houellebecq : Les parages du vide (2014). « Michel Houellebecq a trouvé différentes manières de prolonger sa vocation poétique initiale ; sur scène, dans ses photographies et peut-être même dans ses expériences d'acteur où sa figure de clown triste a indéniablement quelque chose de poétique », estime Agathe Novak-Lechevalier. P. L.

6. Planétaire

En bonne place dans le classement du New York Times des 100 livres de l'année 2015, Soumission a connu un succès historique en s'imposant, peu après sa parution, en tête des ventes, en France mais aussi en Italie et en Allemagne. Fin 2017, le roman s'était écoulé outre-Rhin à plus de 500 000 exemplaires - contre 193 000 pour La carte et le territoire -, 83 000 en Italie et 82 000 en Espagne. Le phénomène va au-delà des frontières européennes, Houellebecq s'exportant dans une quarantaine de pays dont Taïwan, la Russie, le Liban ou Israël. « Avec Soumission,on a passé un cap, mais l'enthousiasme des lecteurs étrangers ne date pas d'hier et Les particules élémentaires comme Plateforme sont des long-sellers », précise Florence Giry, responsable des droits étrangers chez Flammarion.

Les raisons de cet engouement ? Certains de ses détracteurs allèguent que ses traducteurs lui apportent le style littéraire dont il manque en version originale, tandis que ses défenseurs évoquent la portée universelle de ses textes et la figure baudelairienne qu'il représente, signant le retour d'une certaine idée de l'auteur français. « On l'adore ou on le déteste mais il ne laisse personne indifférent : Michel Houellebecq a fait revenir la littérature française sur le podium européen »,estimait en 2010 la critique littéraire néerlandaise Margot Dijkgraaf dans une tribune intitulée « Avec Houellebecq, il se passe enfin quelque chose » (Le Monde). L'auteur jouit à l'étranger d'un prestige intellectuel bien plus marqué qu'en France, particulièrement en Allemagne où son œuvre suscite de nombreuses adaptations au cinéma et au théâtre. « Contrairement à la France où il est mal vu de faire de la recherche autour de Houellebecq - pour des raisons idéologiques et parce qu'il prend déjà beaucoup la lumière -, les universitaires étrangers accordent beaucoup d'intérêt à son œuvre, et peu aux polémiques qui l'entourent : ce sont d'ailleurs eux qui ont organisé, à partir de 2005, les premiers colloques qui lui sont dédiés », observe la chercheuse Agathe Novak-Lechevalier, auteure de Houellebecq, l'art de la consolation (Stock, 2018). P. L.

Les lieux de Michel Houellebecq

Balade sur les traces de l'auteur qui ont été des lieux de pèlerinage pour certains de ses admirateurs. Photos Olivier Dion

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