SLPJ 2023

Les 5 temps forts du Salon de Montreuil 2023

Le Salon de Montreuil 2023 s'est tenu du mercredi 29 novembre au lundi 4 décembre. - Photo EC

Les 5 temps forts du Salon de Montreuil 2023

Le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis (SLPJ) s’est conclu lundi 4 décembre à Montreuil. Il a attiré 193 000 visiteurs.

Par Elodie Carreira à Montreuil,
Créé le 04.12.2023 à 17h42 ,
Mis à jour le 11.12.2023 à 17h51

Affichant une jauge de 193 000 festivaliers, soit 13 000 de plus que l'an passé, le 39ᵉ Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis (SLPJ) s’est achevé à Montreuil, lundi 4 décembre. La 39ᵉ édition de cette manifestation sur le thème de la « Tectonique des corps » a été l’occasion de nombreux rendez-vous et discussions. Livres Hebdo a retenu cinq temps forts de ces six journées de salon.

  • La jeunesse est en forme 

À l’occasion de la manifestation, l’institut GFK a dévoilé les chiffres du marché du livre jeunesse pour l’année 2023. Malgré un léger recul de trois points par rapport à 2022, les Français ont acheté, entre janvier et fin octobre, 64,4 millions de livres jeunesse, soit l’équivalent d’1,47 million d’exemplaires par semaine. Le chiffre d’affaires global de ces ventes s’élève donc à 627 millions d’euros. Parmi l’offre de la littérature jeunesse, la bande dessinée sort gagnante, avec 12 millions d’exemplaires écoulés.

Concernant les ouvrages illustrés, un recul de 4 % est à noter par rapport à l’année dernière. Mais ces derniers représentent tout de même plus d’un livre jeunesse acheté sur deux, soit 35,4 millions d’exemplaires. Le manga accuse, lui, une baisse importante, bien que le segment ne puisse se cantonner au seul secteur de la jeunesse. 31,7 millions de mangas ont été vendus en 2023, soit 19 % de moins que 2022. Enfin, les livres de fiction jeunesse sont en légère baisse, avec 17,1 millions d’exemplaires vendus.

 

  • CNL : « La lecture, grande cause nationale », et après ?

« Nous ne pouvons pas disposer d’un an seulement pour développer la lecture, alors nous allons poursuivre cette ambition au-delà », a lancé sur le salon Régine Hatchondo, présidente du Centre national du livre (CNL). Outre le soutien traditionnel de l’institution à l’ensemble des maillons de la chaîne du livre, la présidente a promis de « renforcer et massifier ce qui a déjà été fait ». Valable pour quatre ans, un contrat de performance avec le ministère de la Culture a donc été signé pour « fixer les grandes lignes de l’établissement public » et « poursuivre une politique volontariste chez les publics éloignés de la culture ». Du côté de l’Éducation nationale, le pass Culture a permis, en 2023, la tenue de 1 800 master class d’auteurs venus dans les collèges et lycées.

D’autres échanges devraient d’ailleurs voir le jour autour d’un « corpus d’histoire-géographie », a annoncé la présidente. De la même façon, celle-ci prévoit de doubler le nombre de résidences d’auteurs, aujourd’hui estimées à 250. Le nombre d’événements liés aux opérations Nuits de lectures ou Partir en livre devront aussi être revus à la hausse. Pour 2024, Régine Hatchondo souhaiterait également « créer des groupes de réflexion et d’action avec le groupe médical », pour aborder la lecture sous l’angle, notamment, de la santé mentale. Enfin, pour la deuxième fois, le Goncourt des détenus, qui a concerné cette année « 40 centres de détention » et permis « 62 rencontres d’auteurs », révélera son lauréat le 14 décembre prochain.

 

  • Censure et littérature jeunesse

Désir, fantasmes, sexualité, des sujets deviennent toujours plus délicats dès qu’ils s’invitent dans la littérature jeunesse. Lors de la table ronde « Interdire d’interdire » – clin d’œil au slogan de Mai 68 –, l’éditeur Thierry Magnier et l’auteur Manu Causse sont revenus sur l’interdiction à la vente aux mineurs de l’ouvrage Bien trop petit, paru en septembre 2022. En juillet 2023, un arrêté du ministre de l’Intérieur avait signé la sanction en raison du caractère « pédopornographique » de certaines pages. « Du jour au lendemain, j’encourais le risque de payer 150 000 euros, doublé d’un an d’emprisonnement. Cet arrêté détruisait toutes mes convictions et interdisait un livre qui prouvait le contraire de ce qui lui était reproché », a déclaré Thierry Magnier.

Lire : Autocensure : on a chopé l’ordre moral

L’éditeur a notamment pointé du doigt le fait que la commission responsable de la sanction ne lise « que 50 à 80 titres produits dans l’année », mais il a aussi déploré l’absence de soutien et de prise de position de la part du ministère de Culture. De son côté, Manu Causse a difficilement encaissé le coup : « Le choc est plus que rude quand on est accusé d’être pornographe et complaisant. » « Les passages incriminés sont bruts, mais ils ont été travaillés », a-t-il rappelé. Aujourd’hui, l’éditeur Thierry Magnier n’a pas fini de livrer bataille. Soutenu par le monde de l’édition et par Agnès Tricoire, avocate et membre de l’Observatoire de la liberté de création, il a décidé d’attaquer en justice le ministère de l’Intérieur, en vue d'obtenir la remise en librairie du livre ainsi que l’abrogation de la loi de 1949.

 

Montreuil 2023
Outre sa sélection d'ouvrages, l'espace Bibookin a aussi donné vie à des lectures et performances animées par des comédiens.- Photo SLPJ
  • Protéger la jeunesse des violences

Que peut la littérature jeunesse face aux violences ? C’était un des sujets phares de cette 39ᵉ édition, et à raison. Depuis quelques années, la parole s’est libérée sur ces thématiques dont s’est aussi emparée la littérature jeunesse. « Les écrivaines ont pris une grande place dans le mouvement de révélation d’inceste, dont elles ont été ou sont les premières victimes », a déclaré Henriette Zoughebi, fondatrice et directrice pendant 15 ans du SLPJ, lors d’une table ronde consacrée à la littérature face aux violences sexuelles. Invité d’honneur de cet échange douloureux, le juge pour enfant Édouard Durand, aussi cofondateur de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), a rappelé que « la violence est l’anéantissement du langage » et que la littérature, garante du réel, doit « faire en sorte que les maux soient visibles ».

 

  • Le succès de la lecture à voix haute

Performances poétiques, lectures à plusieurs voix, spectacles musicaux, la lecture à voix haute a pris une place importante dans la programmation du salon. « On sait à quel point la lecture partagée est importante pour les enfants, pour développer leur imaginaire et leur vocabulaire », a abondé Sylvie Vassallo, directrice du SLPJ. Tout au long de ces six jours, plusieurs stands dédiés, à l’instar du site de la Fabrique à histoires de Lunii ou de la salle de lecture Bibookin, ont donc accueilli enfants, parents et auteurs pour réciter ensemble les ouvrages exposés ou sélectionnés.

En parallèle, le festival Vox jeunesse, lancé vendredi 1ᵉʳ décembre sous l’égide de Paule du Bouchet, a donné le coup d’envoi du prix Vox des collèges, marrainé par la journaliste Rokhaya Diallo. Durant un an, six classes de l’académie de Créteil débattront autour de cinq livres audio sélectionnés et suivront des ateliers de lecture à voix haute. Suivi d’un marathon de lectures, l’événement a donné lieu à une lecture des textes de Charline Paul, Céline Ripoll, Sabyl Ghoussoub ou encore Victor Dixen.

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