Un « immense soulagement ». C’est en ces termes que nombre d’acteurs culturels ont qualifié, dès dimanche 7 juillet au soir, la performance inattendue du Nouveau Front populaire (NFP) et le recul du Rassemblement national (RN), troisième force à l'issue du second tour des législatives. Mais si, au lendemain du vote, l’heure est à la réjouissance, les acteurs culturels restent vigilants et ne cachent pas une certaine inquiétude avant un futur épisode parlementaire qui s'annonce mouvementé sans majorité absolue.
« On est passé à deux doigts d’avoir Véronique Genest ministre de la Culture… », lâche Baptiste Beaulieu, auteur de Les Gens sont beaux, prix Landerneau jeunesse 2023, dans une publication Instagram. « Immense soulagement ce soir !! Le ciel s’éclaircit, vive l’espoir ! », a également partagé l’autrice Estelle Faye sur X.
Immense soulagement ce soir !! Le ciel s'éclaircit, vive l'espoir !
— Estelle Faye (@EstelleFaye1) July 7, 2024
« J’ai la gueule de joie ! », a quant à elle clamé la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, sur Instagram. « Pourrait-on ce matin prendre quelques minutes, avant de gloser sur l'impossible majorité, pour parler de l'extraordinaire dynamique venue de la société civile ? », demande l’autrice de Pleine, douce (Sabine Wespieser, 2023), La Révolution du féminin (Gallimard, 2015) ou encore Le corps à soi (Seuil, 2021), saluant le travail « acharné » des acteurs de terrain.
De son côté, l’autrice de bande dessinée Pénélope Bagieu, connue pour California dreamin’ (Gallimard Jeunesse) et Les culottées (Gallimard BD), ne boude pas son plaisir : « Demain on s’y remet, mais ce soir, on saute partout de joie et de soulagement , parce que la mobilisation ça marche et qu’on a réussi ».
Profitant également de ce maigre répit, l’association des bibliothécaires de France (ABF) a tenu à garantir son engagement à défendre des « valeurs intransigibles auprès du nouveau gouvernement » et à réaffirmer « ses missions d’espace de réflexions, de rencontres, de partages et de production d’outils pour accompagner au mieux la profession », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
La menace plane toujours
Mais l’enthousiasme n’est pas au beau fixe pour tout le monde. « Pas de joie, mais un lâche soulagement et une grande crainte » écrit ainsi l’écrivain Nicolas Mathieu. Toujours très actif sur son compte Instagram, le Goncourt 2018 a partagé son inquiétude à propos du nouveau visage divisé de l’Assemblée, et des conséquences qui pourraient en découler en cas d’absence d’entente : « La menace restera entière », affirme-t-il.
Alors que pour Rachida Dati, ministre de la Culture encore en poste, « l’intérêt de la #France est de trouver au Parlement une majorité qui soit à l’image de ce que pensent majoritairement nos concitoyens ». https://x.com/datirachida/status/1810237199545225497
Contrairement à ce que disent les commentateurs divers, non seulement le bloc central #EnsemblePourLaRepublique a tenu, mais de plus la grande majorité des Français a exprimé son souhait d’une politique protégeant le pays contre l’insécurité, la pression migratoire ou la dérive…
— Rachida Dati ن (@datirachida) July 8, 2024
Même constat pour Denis Olivennes, patron d’Editis, qui défend « une alliance avec le centre gauche » pour que « la gauche passe d’un vote minoritaire d’élimination à un vote majoritaire ». Pour lui, « La gauche n’a pas gagné. Elle a bénéficié du barrage. C’est le RN qui a perdu parce que les électeurs du centre n’en veulent pas ».
Non, la gauche n’a pas gagné. Elle a bénéficié du barrage. C’est le RN qui a perdu parce que les électeurs du centre n’en veulent pas. Entre deux maux ils ont choisi le moindre. Et c’est LFI qui empêche un vote d’adhésion à la gauche. 2/3 des électeurs centristes ne se reportent
— Denis Olivennes (@Olivennes) July 8, 2024