L’édition fait son cinéma

L’édition fait son cinéma

Pour Catherine Corsini, Les illusions perdues se situeraient aujourd’hui dans le monde du livre. D’où Les ambitieux, en salle depuis le 24 janvier.

avec Vincy Thomas (Livres Hebdo) Créé le 15.04.2015 à 20h04

C'est notre journal qui est à l’origine du nouveau film de Catherine Corsini, Les ambitieux. « C’est en lisant un ancien numéro de Livres Hebdo que j’ai trouvé mon sujet », nous confie la réalisatrice qui cherchait alors une idée autour des Illusions perdues. Les ambitieux, qui est sorti mercredi dernier sur 226 copies, raconte l’histoire d’un libraire de province aspirant à être publié et qui profite d’une relation pour rencontrer la directrice littéraire égocentrique d’une prestigieuse maison d’édition.
« J’ai commencé à lire votre journal, raconte-t-elle, et j’ai compris comment on devenait auteur. Puis j’ai rencontré une personne chez P.O.L, une autre chez Gallimard et enfin Teresa Cremisi. J’ai humé l’atmosphère des lieux. Mais je ne voulais pas faire un documentaire sur l’édition. »
L’auteure de La nouvelle Eve a réussi une œuvre proprement romanesque et parfois caustique. Sous couvert de la fiction, elle n’épargne ni le snobisme ni le nombrilisme du secteur. D’ailleurs, le scénario avait déplu. Le film n’a pas obtenu l’avance sur recettes du CNC. « Il y avait deux éditeurs dans la commission » (1), précise-t-elle en ajoutant qu’il est toujours difficile d’accepter la transposition d’une fiction dans un secteur qui est le sien. Elle reconnaît que ses personnages « sont des archétypes qu’on complexifie au fil de l’écriture ». Ajoutons qu’elle a dû composer avec un budget réduit (deux millions d’euros).
Si le portrait du milieu de l’édition et des médias est peu flatteur (il ne l’était pas plus dans Le magnifique de Philippe de Broca), Les ambitieux défend surtout « les bienfaits de la lecture » et son côté cathartique, que le manuscrit soit drôle ou bouleversant. Omniprésent dans les décors, le livre révèle ainsi le lien intime, et même amoureux, entre les personnages. Cet aspect distingue l’œuvre de Catherine Corsini des récents films américains (Truman Capote, L’incroyable destin d’Harold Crick) qui préfèrent s’appesantir sur le dilemme moral de l’écrivain s’inspirant de la vie des autres. Présenté en avant-première au festival de Rome en octobre dernier, la fable a reçu ce week-end une mention spéciale et un prix d’interprétation féminine (Karin Viard) au Festival du film de comédie de l’Alpe-d’Huez. 

(1) Claude Durand, président, et Manuel Carcassonne, membre du second collège à l’époque.

Post Scriptum : le film a séduit 5 506 franciliens lors de sa première journée d'exploitation.

15.04 2015

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