Ce qui est certain, c'est qu'il y a eu un avant et un après Jason Epstein, décédé le 4 février dernier à New-York à 93 ans. Cet homme a ,entre autres, fait sa réputation d'éditeur chez Random House chez qui il a publié de nombreux auteurs tels que Edgar Lawrence Doctorow, Norman Mailer, Philip Roth, Jane Jacobs… Connu et reconnu aussi bien pour les plumes qu'il a révélées que pour son rôle déterminant dans la métamorphose du monde du livre et de l'édition, Jason Epstein est aussi considéré comme le pionnier industriel du livre au format poche outre-Atlantique.
Né en 1928 à Cambridge dans le Massachusetts, Jason Epstein commence sa carrière comme stagiaire chez l'éditeur Doubleday après une maîtrise en littérature. Il rejoint ensuite Random House en 1958, maison pour laquelle il devient directeur éditorial de 1976 à 1995. Inspiré de ce qui se fait déjà au Royaume-Uni, Jason Epstein imagine en 1953 une collection de poche de romans et lance Anchor Books publiant comme premier texte La Chartreuse de Parme de Stendhal.
Engagé
Jason Epstein et sa première femme, l'éditrice Barbara Epstein, cofondent, lors du mouvement de grève dans la presse à New-York (hiver 1962-1963), la revue New York Review of Books. Le couple estime à l'époque que la critique littéraire de qualité manque dans le paysage médiatique. Jason Epstein est aussi à l’origine de la Library of America, prestigieux éditeur de classiques américains. Par la suite, il lance dès la fin des années 1980 The Reader's Catalog, ce qui fait de lui l'avant-gardiste de l'achat de livres en ligne. Enfin, en 2006, il cofonde la plateforme d'auto-édition en ligne, On Demand Books, qui commercialise entre autres la technologie Espresso Book Machine, un système automatisé d’impression ultra rapide de livres.
Jason Epstein a aussi écrit plusieurs livres, dont une douzaine d'essais, dont Book Business : Publishing Past, Present, and Future (2001), ouvrage dans lequel il parle du secteur, de la crise du livre et des transformations au sein de cette industrie. Plusieurs fois récompensé, il reçoit en 1988 le National Book Award pour son apport considérable à la littérature américaine et en 2010 le Poor Richard Award qui récompense un membre engagé pour la communauté de l’édition indépendante.