19 août > Roman France

A la sortie de Jusque dans nos bras (Albin Michel, 2010), son deuxième roman, Alice Zeniter qui avait alors 23 ans racontait comment, adolescente, elle inventait avec sa sœur des fins alternatives aux grands classiques de la littérature. Cette pratique de la fiction trouvait son prolongement trois ans plus tard dans Sombre dimanche, saga familiale embrassant l’histoire de la Hongrie du XXe siècle, couronné par le prix du Livre Inter 2013. Pour son arrivée chez Flammarion, cette jeune normalienne approfondit sa science du romanesque en construisant un univers crédible à partir d’un iconique écrivain fictif, autour duquel se désagrège un jeune couple.

Emilie, l’héroïne à peine trentenaire de Juste avant l’Oubli, est chargée d’organiser les Journées d’études internationales consacrées au sujet de sa thèse, Galwin Donnell, un auteur de polars culte. Les rencontres ont lieu à Mirhalay, une île désertée de l’archipel écossais des Hébrides où l’écrivain, disparu en 1985 à 67 ans dans des circonstances jamais élucidées, a vécu retiré du monde les vingt dernières années de sa vie. Franck, le compagnon de la jeune thésarde, infirmier à Paris, est venu la rejoindre, avec l’intention de lui proposer un engagement au long cours. Tandis que la relation amoureuse subit un processus de délitement accéléré, Alice Zeniter observe avec ironie les mœurs et la dévotion thanatopractrice du petit groupe des invités, adorateurs et universitaires spécialistes.

Juste avant l’Oubli est un roman qui multiplie les clins d’œil au roman noir, manipule ses codes en combinant vraies citations et fausses références, notes de bas de page et extraits d’une bibliographie aussi plausible qu’inventée. La romancière a même imaginé une fiche Wikipédia pour "Porc-chien", l’une des expressions du détective privé Carr, personnage récurrent des livres de son écrivain fantôme. V. R.

Les dernières
actualités