Pour son roman A Horse Walks Into A Bar (Un cheval entre dans un bar), sélectionné parmi 126 titres en lice, David Grossman remporte le Man Booker International Prize 2017 et empoche, conjointement avec sa traductrice Jessica Cohen, un chèque de 50 000 livres sterling (56 800 euros). Il reçu son prix lors d'un dîner au Victoria & Albert Museum, à Londres.
Un "exemple suprême du métier d’écrivain"
Le roman, publié chez Jonathan Cape, présente un douloureux portrait de la société israélienne. Situé dans la petite ville côtière de Netanya en Israël, il met en scène un comédien, Dovaleh Greenstein, dont le spectacle produit dans un petit théâtre miteux se délite sous les yeux des spectateurs médusés.
Un personnage principal "difficile et défectueux, mais tout à fait convaincant", déclare le président du jury, Nick Barley, qui ajoute : "David Grossman a tenté un ambitieux acte de haute voltige avec ce roman et il a réussi de façon spectaculaire". "Nous avons été époustouflés par la volonté de M. Grossman de prendre des risques aussi bien émotionnels que stylistiques : chaque phrase compte, chaque mot est important dans cet exemple suprême du métier d’écrivain", conclut le président du jury.
Des œuvres traduites en 36 langues
David Grossman, âgé de 63 ans, est né à Jérusalem. Il est l'auteur de nombreuses œuvres, traduites en 36 langues. En France, il a reçu le prix Médicis étranger en 2011 pour Une femme fuyant l’annonce (Seuil, 2011). Dans ses romans, il aborde les souffrances des Israéliens et celles des Palestiniens, alors que les deux peuples vivent piégés dans un conflit qui dure depuis des dizaines d’années.
Un cheval entre dans un bar est le premier roman de l’écrivain depuis la mort de son fils, Uri, en 2006, au Sud-Liban pendant son service militaire. Après cette tragédie, il n’avait publié qu’un seul récit sous forme de poème, Tombé hors du temps (Seuil, 2012).
L'œuvre de Grossman a été préférée à Boussole (Actes Sud, 2015) du Français Mathias Enard, Mirror, Shoulder, Signal de la Danoise Dorthe Nors (non traduit en français), Judas (Gallimard, 2016) de l’Israélien Amos Oz, Fever Dream de l’Argentine Samanta Schweblin (non traduit en français) et Les Invisibles (Gallimard, 2017) du Norvégien Roy Jacobsen.
Le Man Booker International Prize évolue
Créé en 2005, le Man Booker International Prize récompensait jusqu'ici tous les deux ans l'ensemble de l'œuvre d'un auteur. Depuis 2016, le prix est délivré chaque année pour une œuvre de fiction, traduite et éditée par un éditeur britannique entre le 1er mai 2016 et le 30 avril 2017. L’an dernier, c'est l’écrivaine sud-coréenne Han Kang qui a été couronnée pour The Vegetarian, traduit par Deborah Smith et paru chez Portobello.
Une adaptation du roman de David Grossman sera proposée sous la forme d'une lecture-concert lors du festival d'Avignon, mais également au Théâtre de la Colline la saison prochaine. Réalisée par Blandine Masson, la création radiophonique intègre notamment les acteurs Jérôme Kircher (Dovalé) et Wajdi Mouawad (Avishaï Lazar).