Magda Szabó, prix Femina étranger 2003 pour La porte, reste l’écrivaine hongroise la plus traduite à ce jour. Cette année correspond au centenaire de sa naissance. Elle grandit dans un milieu artistique et intellectuel, qui la soutient dès ses premiers écrits. Ces débuts prometteurs sont interrompus par l’arrivée des communistes, après la Seconde Guerre mondiale. La jeune auteure et enseignante est priée de se taire, mais c’est mal connaître son caractère.
Cette femme a toujours été insoumise. Pas étonnant qu’elle prête sa plume à une héroïne indomptable, dans Abigaël, publié dans la langue de Molière. Tant les adolescentes que les adultes vont apprécier les mésaventures de Gina. "Depuis que j’ai été au monde, j’ai toujours été sauvage, impatiente."
Sa vie bascule, ce qui la met à rude épreuve. Orpheline, Gina évolue sous l’aile protectrice de son père. Mais ce général hongrois doit briser le cocon. En 1940, il envoie brusquement sa fille en pension, à l’autre bout du pays. Dans cette forteresse, aux règles strictes, la religion est omnipotente. L’héroïne a du mal à s’adapter à un univers confiné qui la rejette d’emblée. A force de dépérir, elle préfère s’enfuir. Son père est sommé de la raisonner. "Je vais parler, mais cela aura son prix. A partir de cet instant, tu ne seras plus une enfant. Jures-tu de ne pas nous trahir ?" Forte d’un lourd secret, Gina changera à jamais.
Magda Szabó est experte pour décrire l’amitié et la solidarité, dans un univers pris entre l’étau de la guerre et les inepties humaines. K. E.