5 OCTOBRE - NOUVELLES France

Jacques Perret (1901-1992), philosophe-aventurier, a fait tous les métiers, même les plus improbables, un peu partout sur la planète, comme pêcheur de bonites au Honduras ou chercheur d'or en Guyane. Un homme de convictions, français et patriote parce que c'était dans ses gènes, et qu'il a vu partir et mourir à la Grande Guerre son frère aîné. Lui, trop jeune pour faire celle-là, participera à d'autres : la guerre du Rif, puis la Seconde Guerre mondiale. Combattant, prisonnier, évadé, maquisard ; il racontera tout cela dans Le caporal épinglé, qui, dès sa publication en 1947, lui assura une célébrité durable. Puis il démythifiera la Résistance dans Bande à part (1951). Ensuite, Jacques Perret s'engagera en faveur de l'Algérie française. Cause perdue, mais nobles raisons : pour lui, la France était "une et indivisible", et ses colonies en faisaient partie intégrante. Position qui lui a valu de solides inimitiés, et une certaine marginalité dans la vie littéraire.

Toutes ces histoires se retrouvent Dans la musette du caporal, recueil de sept textes inédits en volume, longs articles ou vraies nouvelles, où Perret se revisite lui-même. Revenant sur "la mort de [son] grand frère" ou sur celle d'un de ses camarades de combat, Ramos le desperado. Revenant aussi, en 1948, à Berlin et dans le camp où il avait été "KG", prisonnier de guerre. De l'ex-capitale du Reich en ruine, il voit "un mirage poudreux, une cité cinéraire".

Dans un registre moins grave, Perret raconte l'arrivée, dans son stalag, d'un exemplaire d'Autant en emporte le vent, dont la lecture subjugue les détenus, atteints soudain d'une "scarlettine » très contagieuse. Ou encore, en 1943, bûcheron planqué sur les hauteurs de Grenoble, comment il s'est fendu le pied. Une mésaventure qu'il appelle "l'heure hache".

Il est comme ça, Perret, triste et drôle à la fois, élégamment désespéré, détestant les "fla-fla" et les flonflons. Styliste incomparable et bretteur fidèle à ses idées. Comment ne pas succomber au charme d'un écrivain qui dit de lui-même : "Comme tout le monde je suis antiraciste, position méritoire pour un dolichocéphale blond." On lui pardonne de s'être parfois fourvoyé, et même ces "peintures du Japonais Hosoukaï » que l'éditeur aurait dû signaler par un sic.

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