Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Lorsque La Part de l’ange, dans le petit bourg de Portiragnes (Hérault), a lancé, en janvier 2013 sur la plateforme Octopousse, la première campagne de crowdfunding au bénéfice d’une librairie en France, récoltant 8 305 euros, son initiative a paru anecdotique. Cinq ans plus tard, le financement participatif reste considéré avec circonspection dans la profession. L’étude exhaustive, inédite et exclusive réalisée par Livres Hebdo montre pourtant qu’il s’est imposé depuis comme le quatrième pilier du soutien à la librairie française aux côtés des dispositifs mis en place par l’Adelc, le CNL et les régions.

Certes, ce quatrième pilier demeure fragile, et sa pérennité reste à démontrer. Mais, plongeant dans les dossiers des plateformes spécialisées, dont six, au premier rang desquelles Ulule, ont accueilli des projets dédiés à la librairie, Cécilia Lacour a répertorié, de 2013 à 2017, 127 campagnes de financement participatif conduites par 121 librairies qui ont récolté au total 1,5 million d’euros. Une somme d’autant moins négligeable que le nombre de projets et le niveau de la collecte n’ont cessé de grimper au fil des ans. En 2016 comme en 2017, une quarantaine de librairies ont collecté au total autour du demi-million d’euros.

Le crowdfunding apporte à la librairie une aide financière réelle. Il vient souvent soutenir des projets qui échappent aux systèmes de subventions traditionnels tout en contribuant à la diversité de la présence du livre sur le territoire. &dcThree;Surtout, il constitue, au-delà de sa dimension pécuniaire, un des éléments constitutifs d’une stratégie de réseaux. Cette caractéristique lui garantit un certain avenir à l’heure où l’agrégation de "communautés" de clients-lecteurs s’impose comme un moteur essentiel du développement de la librairie physique, dans un contexte de dématérialisation croissante du commerce du livre.

26.01 2018

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