Le Poulpe s'emmêle les tentacules

Didier Daeninckx ©Jacques Sassier/Gallimard

Le Poulpe s'emmêle les tentacules

Didier Daeninckx lance une pétition pour protester contre la publication d'un polar des années 50 signé par l'ex-rédacteur en chef de Minute. Les éditeurs de Baleine, Stéfanie Delestré et Jean-François Platet, lui répondent.

Par Claude Combet
avec cc Créé le 15.04.2015 à 21h00

Le petit milieu du polar est à nouveau en émoi. Didier Daeninckx proteste contre la publication le 25 février par les éditions Baleine de Faut toutes les buter !, un polar des années 50 signé François Brigneau, journaliste d'extrême-droite, ex-rédacteur en chef de Minute.

La pétition lancée le 17 février par l'auteur du Der des der sur le site de La revue des Ressources.org, réclamant “le retrait immédiat de leur nom et de leurs oeuvres du catalogue des éditions Baleine”, a été signée notamment par Patrick Raynal, Maud Tabachnik, Chantal Montellier, Romain Slocombe, Francis Mizio et Xavier Mauméjean.

Pour les signataires, Brigneau “l'un des créateurs du Front national [...] n'a pas sa place dans la catalogue de la maison née en 1995 avec la création du personnage du «Poulpe» défini comme un enquêteur «libertaire et antifasciste».

Dans une lettre ouverte datée du 18 février, titrée avec humour “Seul Jean-Bernard Pouy peut tuer le Poulpe, c'est écrit dans la Bible !”, Stéfanie Delestré, directrice de la collection depuis 2009, souligne que Le Poulpe, qui compte 190 titres, a déjà “survécu aux nombreux coups bas ou fourrés, passages à tabac, trahisons que les auteurs lui ont fait subir”.

Alors que la collection connaît une renaissance et son héros, Gabriel Lecouvreur, d'autres aventures, grâce à une nouvelle génération d'auteurs comme Marin Ledun, Roger Facon, Lalie Walker, Laurence Biberfeld et Maïté Bernard.

De son côté, Jean-François Platet, éditeur depuis 2005 de Baleine, qu'il a racheté en 2008 au groupe La Martinière, réplique par un communiqué en date du 24 février.

Il y précise qu'il a publié ce texte dans la collection “Baleine noire”, “constituée comme un cabinet de curiosités avec des textes littéraires et difficiles d'une part, et des textes anciens dont le caractère singulier [lui] semblait cohérent avec les modernes d'autre part”, et défend ce “roman d'atmosphère, divertissant et historique”.

“Je continuerai à publier des Poulpes, je continuerai à publier des romans horribles dans «Baleine Noire», je défendrai les titres parus chez Baleine, tous les titres sans exception. A titre personnel, je n'aime pas les fachos. A titre professionnel, je déteste les censeurs”, conclut-il.

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