#MeToo

Le patron de Bragelonne répond aux accusations de harcèlement sexuel

Stéphane Marsan, président et administrateur de Bragelonne. - Photo OLIVIER DION

Le patron de Bragelonne répond aux accusations de harcèlement sexuel

Dans une enquête publiée le 21 avril par Médiapart, Stéphane Marsan est accusé par une vingtaine de femmes de comportement inapproprié à connotation sexuelle. Le patron de Bragelonne récuse les faits.

J’achète l’article 1.5 €

Par Vincy Thomas,
Créé le 23.04.2021 à 10h52

Médiapart a publié mercredi 21 avril un article, fruit d'une enquête menée depuis plus d'un an, sur Stéphane Marsan, président de Bragelonne (qui comprend aussi Milady, Castelmore et Hi Comics), éditeur majeur en littératures de l'imaginaire. La journaliste Ellen Salvi a recueilli une vingtaine de témoignages, notamment auteures et collaboratrices au sein du groupe mais aussi étudiantes, stagiaires, éditrices, accusant le cofondateur de la maison de harcèlement sexuel et de comportements inappropriés.

Pour Stéphane Marsan, qui n'a pas donné suite aux sollicitations de Médiapart durant l'enquête, "il s'agit d'un article à charge". Par la voix de son avocat, Me Emmanuel Pierrat (par ailleurs blogueur à Livres Hebdo), le président de Bragelonne nous a fait parvenir un droit de réponse de cinq pages qu'il a adressé à Médiapart. Il reprend point par point chaque accusation pour donner sa version des faits. "Je tiens à récuser tous les faits qui me sont imputés et à réfuter formellement toute accusation de harcèlement sexuel ou moral", écrit Stéphane Marsan, qui rappelle qu'il a déposé une plainte avec constitution de partie civile du chef de diffamation à la suite de la publication, en février 2020, d'un article "extrêmement contestable" de Franceinfo.

Dans cette enquête publié en février 2020, Franceinfo dénonçait les violences sexistes dans l'édition et relayait notamment des témoignages mettant en cause un "poids lourd de l'édition dans la littérature de l'imaginaire".
  Gestes déplacés

Beaucoup de témoignages sont anonymes mais parmi les femmes qui s'expriment à visage découvert dans l'enquête de Médiapart, l'auteure Samantha Bailly raconte qu'en "2014, au salon du livre de Genève, je l’ai entendu dire à une jeune femme: “Tu sais, les contrats d’auteur, ça se négocie dans la chambre.” À partir de ce moment, j’ai été glacée. Je me souviens être allée pleurer aux toilettes". Stéphane Marsan réfute cette accusation affirmant que Samantha Bailly "mène une croisade très générale à l’encontre de l’édition française, mais aussi à mon encontre, depuis quelques années, pour des raisons que j’ignore".
 
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Les témoignages recueillis font état d'un comportement physique et verbal gênant, des gestes déplacés en public mais aussi un procédé où ses décisions professionnelles étaient intimement liées à l'acceptation ou non de ses avances. Un comportement qui était semble-t-il connu du milieu des littératures de l'imaginaire. Directrice artistique des Imaginales, festival d'Epinal, Stéphanie Nicot confie à Médiapart qu'il y a quelques années, elle avait eu vent des pratiques de l'éditeur, décidant de le placer à la première table de la salle accueillant le speed dating où éditeurs et auteurs se rencontrent, pour "le garder à l'œil".

Présomption d'innocence

L'auteure Betty Piccioli témoigne dans l'enquête de remarques gênantes sur ses yeux ou sa poitrine lors de cette manifestation puis, suite à un conflit concernant le paiement d'une partie de ses à-valoirs, de menaces via Facebook sur sa carrière et de mise à l'écart par la maison. Stéphane Marsan répond qu'elle n'est  "absolument pas blacklistée par les équipes de Bragelonne" malgré ses "propos diffamatoires" à l'égard de la maison.
 
Dans son droit de réponse, Stéphane Marsan passe en revue chaque accusation et "atteste d'une toute autre réalité que celle clamée aujourd'hui." "Il semble que la frontière entre une prétendue morale et le droit pénal soit parfois poreuse faisant régner une confusion intolérable", ajoute-t-il. "La propagation publique de rumeurs, particulièrement graves, à l’encontre d’hommes et de femmes accablés a des conséquences irréversibles telles que le suicide, à l’instar d’une affaire récente", écrit-il en conclusion, rappelant qu'il bénéficie de la présomption d'innoncence et qu'il n'a "jamais été mis en examen, gardé à vue ou fait l’objet d’une enquête judiciaire."
 

Les dernières
actualités