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Le patrimoine numérique en partage

Le patrimoine numérique en partage

Les 14es journées de coopération entre les bibliothèques françaises « associées » et la Bibliothèque nationale de France ont attiré un nombre record de participants avec un thème brûlant d’actualité : enrichir et partager le patrimoine.

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Par Laurence Santantonios,
Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 30.10.2013 à 15h23

370 bibliothécaires partenaires de la BNF dans le grand amphithéâtre du site Tolbiac.- Photo DAVID PAUL/BNF

Les 14es Journées des pôles associés et de la coopération (JPAC) ont fait salle comble les 25 et 26 février à la Bibliothèque nationale François-Mitterrand. Le thème de cette année - l’enrichissement et le partage du patrimoine culturel - alimentait une succession très dense de conférences où le numérique était omniprésent : numérisation concertée, signalement du patrimoine et dynamique territoriale, valorisation numérique des territoires, archivage numérique, diffusion partagée du patrimoine sur Gallica (en cinq ans, 11 millions de pages des bibliothèques partenaires y ont été mises en ligne), etc. (1).

Le thème des journées était directement lié à une actualité qui fait polémique depuis plusieurs semaines : les accords de partenariat public-privé de la BNF, en particulier pour la numérisation de 700 000 livres anciens avec Proquest. A l’entrée du colloque, le lundi après-midi, une cinquantaine de syndicalistes brandissant des drapeaux rouges de la CGT s’insurgeaient une nouvelle fois contre ces accords. Le président de la BNF Bruno Racine dont on ne sait encore si son mandat de trois ans, déjà renouvelé une fois, sera ou non reconduit dans les semaines qui viennent) a pris le temps d’expliquer sa stratégie (2). Il a précisé que la subvention de 6 M€ versée chaque année par le Centre national du livre était remarquable mais ne permettait pas de numériser «de façon exhaustive et raisonnée » l’ensemble des collections, en particulier les livres anciens. Au principal reproche qu’on lui fait sur l’accord avec Proquest, l’exclusivité de dix ans qui lui est accordée et l’impossibilité pendant ce délai d’accéder aux documents, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays européens comme les Pays-Bas, Bruno Racine a rétorqué que « la brièveté du délai d’exclusivité accordé à notre partenaire est au contraire un paramètre spécifique à la BNF » et que ce délai serait en réalité de trois ou quatre ans dans la mesure où la numérisation commence en 2013 et va durer cinq ans et demi. Il a aussi suggéré que l’Etat achète une licence nationale à Proquest.

S’il n’était pas évident de lever le doigt dans l’intimidant amphithéâtre de 350 places, les conversations allaient bon train pendant les pauses ou sur les blogs. « Que devenons-nous si la BNF fait une numérisation "exhaustive et raisonnée" ? » demandait-on. Ou encore : « Qu’est-ce qui se passe si j’ai dans mes collections le même livre que numérise Proquest ? » Dans sa conclusion au colloque, s’excusant du peu de place laissée aux questions, la directrice générale Jacqueline Samson a vivement encouragé ses « partenaires » à s’exprimer par écrit en rappelant l’adresse, jpac@bnf.fr. « Nous essayons d’aller le plus loin possible avec vous, a-t-elle insisté. Si puissante soit-elle, la BNF a besoin de travailler avec les autres, les partenaires que vous êtes, les ministères, etc. » Prochain rendez-vous à la fin de 2014 à Strasbourg.

Laurence Santantonios

(1) Les actes de ces journées seront publiés dans quelques semaines sur le site de la BNF.

(2) Voir aussi Livreshebdo.fr du 25 février 2013.

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