Le grand patron de la maladresse est de retour. Gaston Lagaffe, héros intemporel de la bande dessinée franco-belge, revient dans les libraires mercredi 23 novembre avec un 22e tome signé par le Canadien Delaf et intitulé, comme il se doit, Le Retour de Lagaffe. Publié par son fidèle éditeur Dupuis, l’album de 44 pages a été tiré à 800 000 exemplaires.
Delaf, de son vrai nom Marc Delafontaine, n’a fait aucune infidélité au créateur du personnage, André Franquin, décédé en 1997. Avant de placer les personnages dans de nouvelles situations, il s’est donné pour mission de méthodiquement toutes leurs attitudes et caractéristiques, pour un rendu le plus authentique possible. « J'ai essayé d'apporter ma touche. Mais je voulais aussi que ça se fasse tout en douceur. Quand j'ai relu tous les albums pour me préparer, je me suis fait mon propre cahier des charges, mais aussi mon cahier d'envies », a affirmé l'auteur au micro de RFI.
Un album plutôt optimiste
Les fans reconnaîtront sans aucun mal l'univers du journal, rendu chaotique par la maladresse et l'inconscience légendaires de Gaston. « Je me suis posé la question, et aussi avec l'éditeur : est-ce qu'on le garde dans son âge d'or, les années 60, 70 (...) ou est-ce qu'on le transpose dans nos années ? Et j'avais un malaise à le transposer dans nos années, parce que Gaston est tellement lié à Franquin et Franquin faisait passer à travers de Gaston un peu sa critique de la société », a poursuivi Delaf.
Résultat : la presse est partagée. « On n'avait pas vu Gaston depuis tellement longtemps. On aurait aimé savoir ce qu'il pense aujourd'hui des réseaux sociaux, des emails, du télétravail, de l'intelligence artificielle », peut-on lire dans Le Figaro. Cet album « a tout d'une réussite », selon Le Parisien, pour qui « le plus difficile était sans doute de retrouver la mécanique bien huilée des gags en une page ». Le site ActuaBD, qui était très sceptique, a conclu : « On s'attendait à pire ». « Des gags qui nous ont beaucoup plu » laissent place à une deuxième partie où « on rigole un peu moins », estime un critique du média spécialisé.
Quant à Isabelle Franquin, fille du créateur de la série, qui a tenté d'empêcher sa parution avant de céder à la décision rendue par un avocat bruxellois, elle a redit sa désapprobation. « Une chose qui est certaine et n'est susceptible d'aucune interprétation, c'est la volonté non équivoque que m'a exprimée personnellement mon père de ne pas voir Gaston lui survivre sous le crayon d'un autre dessinateur », a-t-elle écrit dans un communiqué à l'avant-veille de la parution.