Comme les autres intervenants, Jean-Luc d’Asciano, des éditions L'oeil d'or, déplore un manque de fluidité entre les éditeurs "alternatifs" (terme qu'il préfère à "indépendants", qui désigne les maisons "hors des flux classiques de l'édition"). "Les éditeurs alternatifs ne sont pas dans les bibliothèques, affirme-t-il, et les bibliothèques ne connaissent pas les éditeurs alternatifs. Il y a une incapacité à faire le lien."
Le problème provient, selon lui, de la difficulté des bibliothécaires à s'informer sur les éditeurs ne figurant pas dans le réseau habituel de commandes des bibliothèques. "Les bibliothécaires ne sont pas formés à trouver ces informations, et les petits éditeurs ne savent pas à qui s'adresser pour être présents en bibliothèque", ajoute Jean-Luc d'Asciano. "Le flux d'infos doit être à nouveau fluide", martèle Valérie Millet, éditrice aux éditions du Sonneur.
Des initiatives variées
Le débat s'est ensuite concentré sur les possibles solutions pour rétablir le contact entre petits éditeurs et bibliothécaires. Lucie Èple, community manager du site Libfly.com, a présenté ce concurrent de Babelio, fort de 30 000 inscrits dont de nombreux bibliothécaires, comme l'un de ces remèdes. Afin de mettre en avant la production littéraire indépendante, explique Lucie Èple, Libfly met en place des podcasts vidéos et organise des événements comme la Voix des indés, "véritable rentrée littéraire alternative".
Autre initiative, celle du Salon du livre à plein volume, conjointement organisé par la Caps (Communauté d'agglomération du plateau de Saclay) et l'association S[Cube], qui promeut le savoir scientifique. Le Salon mêle éditeurs scientifiques et petits éditeurs : "On a constaté que les petits éditeurs apprécient d'être mélangés avec les gros", explique Claudie Guillem, directrice de la bibliothèque d’Orsay (Essonne). Un moyen efficace de mettre les petits éditeurs en avant. Les libraires sont également invités, afin d'augmenter la synergie.
Salons littéraires, sites d'information alternatifs, les moyens ne manquent pas pour aider les petits éditeurs à atterrir en bibliothèque. Mais même cela ne suffira pas, insiste Claudie Guillem, pour qui "il faut aussi un soutien de la hiérarchie politique".