Le maudit fauteuil de l'Académie Française ?

Le maudit fauteuil de l'Académie Française ?

Elu en 2009, François Weyergans devrait être reçu à l'Académie française le 16 juin, et prononcer l'éloge de son prédécesseur, Maurice Rheims, qui attend depuis 8 ans.

Par Cécile Charonnat,
avec cch Créé le 28.01.2014 à 22h17

Depuis quelques mois, le milieu littéraire s'interroge. François Weyergans, connu pour sa lenteur d'écriture, parviendra-t-il à rédiger à temps son discours de réception à l'Académie française ? Après avoir été repoussée à de multiples reprises (la dernière fois, ce devait être à l'automne 2010), la cérémonie a finalement été fixée au 16 juin, le règlement de l'institution stipulant en effet que tout nouvel élu a deux ans pour se plier au protocole de la réception.

Plébiscité contre toute attente en 2009, après une campagne menée tambour battant où l'envoi de lettres laudatives avait remplacé le très traditionnel usage des visites, l'imprévisible auteur de Trois jours chez ma mère (Grasset, prix Goncourt 2005) n'a donc plus guère le choix.

Chez son éditeur, on assure que “tout roule” : les cartons d'invitation sont imprimés et l'épée, un modèle légué par Maurice Béjart, dit-on, aura été remise au futur immortel le 9 juin lors d'une réception à l'hôtel Lutétia. Le même jour, François Weyergans aura dû se soumettre à la tradition et prononcer lors d'une séance privée de l'Académie, sorte de répétition générale avant la grand-messe officielle, l'éloge honorant son prédécesseur au fauteuil 32.

Un fauteuil qui ne réussit guère à ses occupants. L'historien Robert Aron, qui devait y être intronisé en 1975, meurt cinq jours avant. Si Maurice Rheims l'occupe ensuite sans histoires pendant 27 ans, sa mort en 2003 le laisse désespérément vacant. Alain Robbe-Grillet, choisi en 2004 pour lui succéder, refuse obstinément de porter l'habit vert et l'épée. Le pape du Nouveau Roman n'a donc jamais été reçu, laissant ainsi en suspens l'éloge du commissaire-priseur écrivain.

Amusée (ou désespérée) par la situation, Nathalie Rheims vient d'immortaliser la situation en publiant le 1er juin chez Buchet-Chastel Le fantôme du fauteuil 32. S'inspirant du livre de Gaston Leroux paru en 1909, Le fauteuil hanté, elle imagine qu'une malédiction lie irrémédiablement son père au fauteuil 32 et en profite pour dresser le panégyrique tant attendu.

Rappelons que Folio vient de publier en poche La démence du boxeur de François Weyergans, paru initialement chez Grasset en 1992.

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