Un tiers des mangas vendus en France sont aujourd'hui fabriqués chez Hérissey. Cette imprimerie située à Evreux (Eure) a parié sur la bande dessinée japonaise dès 2004 en signant un premier contrat avec Kana, pressentant le potentiel de ce secteur en plein développement avec des tirages importants et réguliers. Depuis, Hérissey n'a cessé de s'équiper pour répondre à cette clientèle bien particulière. Aujourd'hui la liste des éditeurs faisant appel à ses services a bien gonflé : Asuka, Doki-Doki, Glénat, Kana, Kazé, Kurokawa, Tonkam... Ce pari réussit à l'entreprise puisqu'elle réalise près de la moitié de son chiffre d'affaires grâce aux mangas, qui représentent plus de 60 % des titres sortant chaque année de ses machines.
120 000 VOLUMES EN UN JOUR
Et des machines, il a fallu en acheter plusieurs, et même en inventer ! Hérissey ne sous-traite pas, assurant toute la chaîne graphique en interne. L'imprimeur a d'ailleurs investi fin avril dans une nouvelle presse, KBA Rapida 105, inaugurée en présence de plusieurs clients qui avaient fait le voyage de Paris dans un car affrété pour l'occasion. "Nous pouvons désormais réaliser des jaquettes avec un niveau de chromie jamais atteint à l'imprimerie Hérissey, se félicite le directeur commercial, Gilles Mure-Ravaud. Cet investissement était capital, sinon nous aurions mécontenté nos clients au risque de les perdre." 74 personnes travaillent sur le site d'Evreux, dirigé depuis six mois par Matthieu Jolibois. Et, lors des pics de production, comme ces jours derniers avec l'approche de Japan Expo, trois équipes se relaient, 24 heures sur 24. Certaines machines peuvent même fonctionner le samedi. Et, en cas d'urgence, l'imprimerie peut produire jusqu'à 120 000 volumes en une journée.
Si les éditeurs japonais et leurs partenaires français sont exigeants sur la qualité d'impression, ils ne sont pas non plus paranoïaques sur la confidentialité. Aucune clause n'est signée. "Ce n'est pas Harry Potter non plus", rappelle Gilles Mure-Ravaud, qui travaillait chez CPI au moment de la parution du dernier tome de la saga de J. K. Rowling. Mais le personnel ne sort jamais de l'usine avec une nouveauté, et, par respect pour les clients, lorsqu'un éditeur vient signer son BAT, il arrive souvent que les piles des mangas des concurrents soient recouvertes d'une housse noire pour préserver le secret jusqu'au dernier moment.