29 octobre > Essai France

Dans l’œuvre imposante de Marcel Conche, cet Epicure en Corrèze est un récit autobiographique simple et franc dans lequel le philosophe (92 ans) revisite des lieux intimes. Un livre où la philosophie est en maraude, coupe à travers champs. Revenu habiter en 2009 la maison de son enfance à Altillac, en Corrèze, vivant en décroissant conformément aux préceptes épicuriens, il évoque ici les fondations d’une sagesse pratique bâtie sur ces "convictions vécues" déjà exposées dans Confession d’un philosophe, le dialogue avec André Comte-Sponville (Albin Michel, 2003). Marcel Conche repère ainsi dans son parcours, sentimental notamment, les étapes décisives dont sa rencontre avec Marie-Thérèse, sa professeure de français au lycée, de quinze ans son aînée, qui sera son épouse pendant cinquante ans, puis avec la jeune Emilie, qu’il suivra le temps d’une parenthèse corse, beaucoup plus tard.

Fils de cultivateur et orphelin d’une mère morte quand il était tout jeune, Marcel Conche a été élevé par sa grand-mère maternelle dans un monde où les arbres et le vent, la Dordogne et la solitude ont primitivement tenu lieu de livres. Devenu spécialiste de la philosophie antique et des présocratiques, cet athée n’a pu apprendre le grec ancien qu’à 20 ans. L’auteur de Montaigne ou La conscience heureuse, son premier livre (Seghers, 1964 réédité aux Puf en 2008), reste habité par l’obsession de ne pas perdre de temps en se dispersant. Ainsi explique-t-il son pacifisme, son choix de ne pas s’engager dans la Résistance, de se tenir loin, aussi, de la passion amoureuse… Pour pouvoir se consacrer à la philosophie, son "unique passion pour cette maîtresse qui ne vous trahit jamais". V. R.

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