"J'ai voulu questionné toutes les différences et l'identité en provoquant des rencontres entres écrivains et géographes. Ils représentent des mondes a priori très différents mais qui ne le sont pas tant que ça", explique Sarah Polacci. Cette journaliste a développé la programmation littéraire pour la quatrième année, en collaboration étroite avec Marion Tillous, en charge de la direction scientifique du festival. Une approche qui a visiblement séduit le public : "Nous avons eu une fréquentation importante : pas une seule salle n'était vide", observe-t-elle. Et ceci, malgré des thématiques parfois délicates à aborder comme la prostitution qui a fait l’objet d’une table ronde constructive avec Malika Amaouche (Le bus des femmes, Anamosa), Emma Becker (La maison, Flammarion) et Julien Dufresne-Lamy (907 fois Camille, Plon).
Un chiffre d’affaires en hausse pour le salon
L’attrait du public pour la thématique du corps s’est confirmé sur le salon du livre Amerigo Vespucci, du nom de l’explorateur italien qui a aussi prêté son patronyme aux prix décernés pendant le festival. "Nous ne sommes pas loin de 2019, une année exceptionnelle qui est devenue notre année de référence", souligne Olivier Huguenot, gérant de la librairie Le Neuf et coordinateur du salon depuis sa création en 1990. "Sur la seule journée du samedi, davantage grand public que le vendredi, nous avons réalisé un chiffre d’affaires en hausse de 10% par rapport à 2020", affirme-t-il. Car oui, le FIG est "passé entre les gouttes" de la crise sanitaire l’année passée et avait alors "réussi à enregistrer 70% du chiffre d’affaires d’une année normale", selon le libraire.
Tout au long du festival, Olivier Huguenot a "mis un point d'honneur à se rendre dans l'ensemble des rencontres littéraires". Il a mobilisé six équipes mobiles pour délocaliser la librairie et proposer à la vente les ouvrages des écrivains et écrivaines invitées aux rencontres. Une formule qui marche, surtout dans un contexte où "les conférences étaient blindées", relève-t-il à son tour.
Une soixantaine d’éditeurs
L’attrait pour le FIG ne se limite pas au grand public. "De grands noms de littérature comme Olivier Weber ou Eric Fottorino viennent chaque année et sont devenus des ambassadeurs de la manifestation", assure Olivier Huguenot. Alors que les 5000m2 de surface de vente du salon du livre sont traditionnellement partagés par les éditeurs, le libraire souligne par ailleurs avoir "dû refuser des maisons" cette année. Au total, "une soixantaine de maisons" était présente, avec une part non négligeable d’éditeurs jeunesse. "C’est la première fois qu’ils louent autant de stands", observe-t-il.
Les raisons de ce succès ? "Le festival émoustille la curiosité", estime Catherine Dolto, médecin, haptothérapeute, autrice et présidente du salon du livre cette année. "Ce festival populaire est au service de l'intelligence et du savoir. Générosité et qualité sont au rendez-vous pour tous les publics. C'est rare de réunir les deux éléments pourtant essentiels à notre société fracturée", affirme de son côté Régine Hatchondo, présidente du Centre national du livre (CNL), partenaire de la manifestation, venue participer à une rencontre sur les adaptations avec Didier Daeninckx et le Goncourt 2018, Nicolas Mathieu.
"Vraiment confiant pour les années à venir", Olivier Huguenot est déjà prêt à penser à la prochaine édition. Programmée pour les 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022, elle invitera le Portugal et explorera la thématique des déserts. "Un thème classique de géographie" qui peut aussi s’envisager de manière métaphorique en prenant en compte "les déserts médicaux, culturels, démographiques ou affectifs", comme l'a développé David Valence, maire de Saint-Dié-des-Vosges, lors de la cérémonie de clôture.