Le débat sur « L'urgence en librairie » a soulevé un vif intérêt

(c) O. Dion

Le débat sur « L'urgence en librairie » a soulevé un vif intérêt

Près de 450 professionnels ont assisté lundi 19 mars à la table ronde « Urgence en librairie, quelles réponses ? » organisée par le SLF et que le ministre de la culture est venu conclure.



Par Clarisse Normand
avec cn Créé le 15.04.2015 à 23h36

L'intérêt suscité par la table ronde organisée par le Syndicat de la librairie française (SLF) lundi 19 mars sur la Scène des auteurs au Salon du livre étaient à la hauteur des enjeux. Près de 450 personnes ont assisté à la rencontre intitulée « Urgence en librairie, quelles réponses ? » qui a réuni, sous la houlette du journaliste Gérard Bonos, Aurélie Filippetti (députée PS, responsable culture, audiovisuel, médias au sein de l'équipe de campagne de François Hollande), Hervé Gaymard (député UMP), Olivier Bétourné (président du Seuil), Antoine Gallimard (président de Gallimard et du SNE), Teresa Cremisi (P-DG de Flammarion), Alain Kouck (P-DG d'Editis), Francis Lang (directeur commercial d'Hachette livre) et Matthieu de Montchalin (patron de l'Armitière à Rouen et président du SLF). Près d'un an après les Rencontres nationales de la librairie qui s'étaient tenues en mai dernier à Lyon, et à quelques semaines seulement des élections présidentielles, la table ronde avait pour objet de débattre des 12 propositions formulées par les libraires à l'attention des candidats.

Tous les intervenants se sont accordés à reconnaître les difficultés et les menaces pesant sur le secteur (conjoncture difficile, cherté des loyers, concurrence déloyale des pure players étrangers ...), mais chacun a privilégié des réponses différentes : protection des loyers par les communes,?aide aux transmissions, développement du label LIR, renforcement des moyens du CNL, baisse des retours, incitation des jeunes à la lecture mais surtout établissement de règles communes à tous les vendeurs de livres tant en matière de la fiscalité en matière de TVA qu'en ce qui concerne le respect de la loi Lang.


Remettre de l'équité entre tous les acteurs

Appelant de ses voeux « une loi globale sur l'avenir du livre et de la librairie », Hervé Gaymard a insisté sur la nécessité d'une « police qui contrôle la bonne application de la loi sur le prix unique » et d'une « intervention législative » pour interdire la gratuité du port. Aurélie Filippetti, elle, souhaite le « rétablissement d'une direction du livre forte ».?Mais elle a aussi proposé un rééquilibrage des règles entre les différents acteurs en « basant la fiscalité de tous sur le chiffre d'affaires réel réalisé sur le sol français et non sur le nombre de salariés ou sur tout autre critère » et « en aidant les acteurs français à développer leur plateforme ». En revanche, l'idée d'une suppression des 5% de rabais autorisés par la loi Lang, suggérée par Hervé Gaymard, n'a pas fait l'unanimité dans la tribune.

En tant que représentant des libraires, le président du SLF, Matthieu de Montchalin, a enfoncé le clou en expliquant que le temps des discours et des « mesurettes » était désormais dépassé et que la librairie avait besoin « preuves » de soutien. A cet égard il a salué les mesures préconisées par le rapport sur la mission concernant l'avenir de la librairie remis mardi 13 mars au ministre de la culture. Evoquant essentiellement la mesure relative à l'établissement « d'une taxe sur les achats calculée à partir des lignes de commandes passant par Dilicom » , il a renvoyé au rapport lui-même et au communiqué présentant les mesures qu'en a retenu le SLF (voir pièce jointe).


Les mesures retenues par Frédéric Mitterrand


Dans la foulée de la table ronde, le ministre de la culture Frédéric Mitterrand est venu présenter le rapport de la mission sur la librairie qui, selon lui, « aborde la quasi totalité des propositions faites par le SLF à l'occaion de la campagne pour les élections présidentielles. »

Rappelant que « l'avenir de la librairie est une responsabilité partagée... et que l'Etat et les pouvoirs publics y prendront leur part », il a insisté sur le rôle des « discussions interprofessionnelles pour renforcer le rôle de la commission de suivi des usages commerciaux, améliorer l'efficacité des circuits de distribution afin de réduire les délais d'approvisionnement de libraires et aboutir à une meilleure gestion des retours ». Il a par ailleurs relevé plusieurs propositions du rapport de la mission comme autant de pistes de travail à explorer : « interdire aux acteurs de la vente en ligne d'intégrer le montant des frais de port dans le prix public de vente des livres.?Cela constitue actuellement une source de distorsion de concurrence importante pour les réseaux de vente physique des livres, et ne me semble pas totalement conforme aux principes inscrits dans la loi du 10 août 1981 » ; « donner à direction générale de la concurrence, au ministère des finances, les pouvoirs de surveillance de la bonne application de la loi sur le prix unique » ; « renforcer les compétences de contrôle de l'application des lois sur le prix unique. »

« La mission ne fait pas de proposition formalisée pour une éventuelle taxe sur les acteurs en lignes qui pratiquent l'optimisation fiscale hors de nos frontières, comme Amazon, a-t-il par ailleurs précisé.?Non pas parce que l'idée ne lui paraît pas devoir être retenue, mais parce que sa mise en oeuvre lui paraît complexe. »?En revanche, il a souhaité que soient proposés dès cette année, « les moyens de faire contribuer les grandes firmes technologiques de l'internet à l'effort de création » et a annoncé qu'il comptait lancer dans les prochaines semaines une mission sur le sujet de la fiscalité des industries culturelles. « Il n'est pas normal qu'un acteur établi à l'étranger puisse venir menacer les grands équilibres de nos librairies, alors qu'il n'obéit pas aux mêmes contraintes », a-t-il affirmé.

Le ministre a par ailleurs indiqué qu'il attendait beaucoup des prochaines conclusions de la mission sur l'achat public de livres par les collectivités territoriales.


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